Les députés rwandais ont engagé un véritable branle-bas de combat contre l’idéologie génocidaire. Ils ont demandé notamment, mardi, la suppression des manuels scolaires d’apprentissage de la langue rwandaise des discours de l’ex- président Juvénal Habyarimana, qui, selon eux, « véhiculent le message divisionniste qui a conduit au génocide de 1994 au Rwanda ».
Selon les statistiques des Nations unies, près de 800.000 personnes, essentiellement au sein de l’ethnie tutsie, ont péri lors de ces évènements.
Sont également visés par la demande des députés, des textes de Mathieu Ngirumpatse, président de l’ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) fondé par Habyarimana en 1975, a rapporté mercredi, Radio rwandais.
Ngirumpatse est en procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avec deux autres dirigeants nationaux du MRND. Depuis le début de la semaine dernière, les députés planchent sur les voies et moyens de mettre fin à « l’idéologie génocidaire » qui, selon une commission parlementaire, reste vivace dans de nombreuses écoles secondaires, y compris dans quelques écoles primaires.
L’école minée par l’idéologie génocidaire
Certains comportements traduisant l’idéologie génocidaire sont observés chez des responsables d’écoles, des enseignants et des élèves, selon cette commission citée par Radio Rwanda. Cette radio gouvernementale rapporte que sur un échantillion de 32 écoles secondaires visitées par la commission parlementaire, 26 sont minées par cette idéologie qui se manifeste notamment par la marginalisation d’élèves ayant survécu au génocide de 1994.
La ministre de l’Education, Jeanne d’Arc Mujawamariya, était mardi au Parlement pour répondre aux questions des députés sur la persistance de l’idéologie du génocide dans les écoles. Elle devait poursuivre ses explications ce mercredi après–midi, selon la radio. Vendredi dernier, Mme Mujawamariya avait promis de sévir, affirmant qu' »un enseignant véhiculant l’idéologie du génocide ne doit pas être muté, mais immédiatement radié du métier et jeté en prison.
Les députés se sont engagés, de leur côté, à descendre eux-mêmes dans les écoles, et à accélérer le processus d’adoption de la loi réprimant l’idéologie du génocide. Le Rwanda dispose déjà d’une « loi sur le divisionnisme et le sectarisme » votée en décembre 2001.
En 2004, un rapport parlementaire avait accusé certaines organisations locales et internationales de prêcher l’idéologie du génocide. Suite à la publication de ce rapport, quelques responsables de ces associations avaient quitté le pays.