Bozizécratie : difficile apprentissage de la démocratie


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Pendant toute l’année 2011 le président Bozizé a traîné des problèmes de santé qui ont défrayé la chronique. Les sources sûres donnant Bozizé pour mort se rivalisaient de véracité au silence assourdissant et irrespectueux voire méprisant de la pléthore de médecins qui entoure le président. Sous d’autres cieux, en cas de maladie du président de la République, le peuple souverain a droit un bilant régulier de l’état de santé de son président. De deux choses l’une, pile le peuple centrafricain est souverain, face Bozizé n’est pas son président. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le président de la République baguenauderait-il encore des problèmes de santé ? Se porte-t-il réellement comme un charme ?

Sous le fallacieux prétexte de l’existence d’une fiche de renseignement sur « une affaire qui touche à la sûreté de l’Etat, à la sécurité…» le ministre de la Moralisation, ô que le ridicule ne tue pas en RCA !, Firmin Féïndiro a cru devoir se transformer en inspecteur de police et procureur de la République pour procéder à une arrestation abracadabrante de Jean-Jacques Demafouth, Gontran Djono Ahaba (député de Birao), Mahamat Abrass, et Abdelkader Kalil dans son bureau le vendredi 6 janvier 2012 en violation de toutes les règles de l’art et surtout en mépris profond de l’institution républicaine qu’est l’Assemblée nationale qu’il ne va nullement saisir pour solliciter la levée d’immunité parlementaire du député, j’allais ajouter en exercice, Djono Ahaba.

Depuis deux mois, jour pour jour, Bozizé et son KNK prennent le peuple centrafricain pour un cave s’ils ne le traitent comme un moins que rien. Ils ignorent cependant que le président de la République est le premier citoyen, le premier magistrat, le premier patati patata. En d’autres termes, si nous sommes un cave, si nous sommes un moins que rien, qui est le premier cave ? Qui est le premier moins que rien ? Ah, logique, logique quand tu me fais faux pas ! Que s’est-il passé cet après-midi du vendredi 20 avril 2012 ?

Le coup d’État larvé de Sylvain Ndoutingaye

On le savait déjà le vendredi 20 avril en après midi qu’un coup d’État avait été déjoué. Dans la matinée du samedi 21 avril 2012, la nouvelle de l’arrestation de Sylvain Ndoutingaye, Marlyn Mouliom-Roosalem et d’un autre ministre s’est répandue comme une véritable traînée de fumée sur Bangui. Plus tard on apprendra que le troisième ministre arrêté est Annie Gisèle Nam. Au plus fort des rumeurs on apprenait que Parfait Mbaye fut aussi appréhendé et que Firmin Féindiro serait en fuite. Il fut au fait hors de Bangui, à Bouca, dans l’Ouham. Le capitaine Eugène Ngaïkoïsset et ses hommes de main ont foncé chez le Premier ministre postiche, Faustin Touadéra, pour le bastonner sous les regards effarés des enfants et leur maman et des visiteurs. Comment cacher ces réalités quand il y a des témoignes oculaires ? Chose certaine, le 29 avril 2012, le chauffeur de Ndoutingaye fut arrêté et incarcéré à la prison centrale de Ngaragba. La maison de Ndoutingaye fut encerclée, fouillée, et ses effets jetés en pâture, filmés, etc. Lui, Ndoutingaye, se serait réfugié dans le plafond d’une maison quelque part à Bangui.

Nombreux sont les militaires appelés en catastrophe à regagner leurs casernes qui ont été volubiles sur la rumeur d’un putsch insidieux de Sylvain Ndoutingaye. Des soldats tchadiens ont envahi Bangui pour sécuriser. La psychose a monté d’un cran lorsque ces militaires qui quadrillaient la bourgade de Bangui évoquèrent une éventuelle association de Ndoutingaye et Baba Laddé. Réveillant cette idée mise en veilleuse qui voulait que Baba Laddé bénéficiât d’un soutien au haut lieu.

Le 30 avril 2012, on procéda encore à l’arrestation de certains acolytes de Ndoutingaye, accréditant la thèse d’un coup d’État larvé contre le président Bozizé et sa famille. En effet, des documents saisis font état d’un dessein secret, concerté entre Ndoutingaye et autres personnes dont Firmin Féïndiro, avec l’intention d’attenter à la vie du président Bozizé. On murmurait déjà depuis quelques années la soif du « Vice-président » Ndoutingaye de prendre le pouvoir mais on était loin de penser qu’il envisagerait purement et simplement de dynamiter le bureau présidentiel ! Rien de moins !

Il est indéniablement vrai qu’un coup d’État contre le président Bozizé, loin de consterner les Centrafricains, les dériderait. Car ici, on a coutume de dire que celui qui tue par l’épée périra par l’épée. Feu président Ange-Félix Patassé a refait du soldat Bozizé Yangouvonda, général de Division puis successivement inspecteur des forces armées centrafricaines et chef d’état-major des forces armées centrafricaines. En retour, Bozizé Yangouvonda a témoigné d’une répugnante ingratitude à l’endroit du président Ange-Félix Patassé allant jusqu’à le contraindre à une mort lente et précoce. De même, Bozizé a fabriqué Sylvain Ndoutingaye de toutes pièces. Tirant bonne leçon de la biographie de son mentor, Ndoutingaye, qui s’est taillé un ego hypertrophié, ne pouvait que vouloir prendre le pouvoir quitte à infliger une fin atroce à son maître. L’un pasteur (pour ne pas dire gourou) et l’autre diacre, Bozizé et Ndoutingaye, connaissent mieux que moi l’hymne des chrétiens cathares aux intégristes romains de l’inquisition: « Celui qui vit par le glaive périra par le glaive ».

Tétanisé par les détails du complot, Bozizé, l’atrabilaire national, a plutôt joué le serein donnant ainsi libre cours au sort de Ndoutingaye qu’on disait tantôt en résidence surveillée, tantôt emprisonné à l’hôtel du camp de Roux. Pour bien nous perdre en conjectures, Ndoutingaye était au défilé du 1er mai qui, soit dit en passant n’a pas duré. Le président n’aurait probablement pas le cœur à la fête.

Firmin Féïndiro, Premier ministre, chef du Gouvernement

Très méthodiquement et sans la moindre irascibilité, le général Dr. Bozizé analyse la toile d’araignée qui l’entourait. De l’aveu des militaires tchadiens et centrafricains qui ont pris part aux opérations, les fouilles sont minutieuses et poursuivent. Des documents compromettants sont saisis. Des noms sont connus. Ainsi, les premiers noms du Gouvernement de Sylvain Ndoutingaye qui circulent sous les manteaux sont :

Premier ministre, chef du Gouvernement : Firmin Féïndiro

Ministre d’Etat chargé de la Défense : Martin Ouanti

Ministre d’Etat chargé des Finances et du Budget : Marlyn Mouliom-Roosalem

Ministre d’Etat chargé du Plan, de l’Economie et de la Coopération : Annie Gisèle Nam

Ministre de la Justice et de la Moralisation, Garde des Sceaux : Alain Tolmon

Ministre du Commerce et de l’Industrie : Mahamat Tahir

On parle aussi d’un Libanais, un certain Fawaz qui hériterait d’un super poste de conseiller à la présidence taillé sur mesure pour conseiller le président en matières des finances, du commerce et d’industrie. Voilà qui explique la théorie de l’adossement de l’euro au CFA ! On apprend par ailleurs que Ndoutingaye garderait le ministère des Mines.

Qui est Firmin Féïndiro ?

Considérer Firmin Féïndiro comme le cerveau du coup c’est lui conférer une capacité qu’il ne possède pas. En effet, comment voulez-vous qu’un cerveau ne puisse pas déconseiller un coup d’État dans le contexte présent dominé par l’activisme de la CEDEAO au Mali et en Guinée-Bissau et la position sans ambiguïté du président François Hollande en faveur de la démocratie? La CEMAC nous a, certes, habitués au laxisme mais elle ne saurait faire un si flagrant contre-pied à la CEDEAO. Féïndiro, on le sait, est la source de multiplication des boulettes et autres bourdes juridiques et judiciaires de Bozizé. C’est un individu aux connaissances approximatives du droit qui traîne des casseroles de diplôme premier cycle universitaire trafiqué. Cette réalité le ronge comme un cancer. Il nourrit un perpétuel complexe d’infériorité face à tout titulaire de diplômes universitaires supérieurs. On a tord de penser voire de croire que Bozizé n’aime pas ou n’aimerait pas les intellectuels. Si tel était le cas, il n’accepterait pas le titre et l’insigne de Docteur Honoris Causa. C’est Féïndiro qui crée un rempart entre Bozizé et les brillants Centrafricains diplômés des grandes écoles occidentales. Sa récente mesquinerie en date fut à l’endroit de Sylvain Maliko qui, on le sait, a quitté le Gouvernement en décembre 2011 pour se joindre à la banque africaine de développement (BAD). Parti rapidement pour la prise de service, il revint à Bangui deux semaines plus tard pour prendre certains effets et voyager avec sa famille. Féïndiro refuse à son ancien collègue Maliko l’accès à son ancien cabinet au ministère du Plan et de l’Economie. Il menace Sylvain Maliko d’arrestation si ce dernier met pied dans le cabinet du ministre du Plan et de l’Economie. Sylvain Maliko et Elie Doté sont cousins. Sylvain Maliko est l’un des deux seuls ministres choisis et proposés par son cousin Elie Doté (c’est le Centrafrique de qui connaît qui hein !). Pourquoi Elie Doté qui est le suppléant du député François Bozizé Yangouvonda n’est-t-il pas intervenu en faveur de son cousin ? Féïndiro est un diable, un pervers narcissique. Il est aujourd’hui le plus corrompu de tous les agents de l’État centrafricain. Il a commencé avec la vente du baccalauréat centrafricain aux candidates camerounaises en 2003. Je reviendrai sur le sujet.

Firmin Féïndiro « fait des simulacres ; il n’est pas malade »

A mon avis, ce serait une grosse voir une bêtise de laisser Féïndiro quitter le pays. De quelle maladie souffre-t-il, comme par hasard, au lendemain de la découverte des documents compromettants ? Que le Premier ministre de Sylvain Ndoutingaye ne pense pas à l’asile politique en France! C’est tout un comité d’accueil qui l’accompagnerait. Au cas où Monsieur le Procureur de la République, ministre de la Justice et de la Moralisation, Garde des Sceaux de Bozizé et Premier ministre de Ndoutingaye ne le saurait pas, son appartement au 10, rue Philibert Delorme, Joué les Tours (Indre et Loire) est potentiellement sinon vraisemblablement un bien mal acquis. Je souhaite que pour Mme Balembi et ses codétenus qui croupissent en prisons, Me Balembi et Jean Daniel Dengou aujourd’hui tous deux en France se basent sur cet article de CAP pour inquiéter Firmin Féïndiro à travers le service français de traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN) qui se délectera à la recherche de l’origine des fonds qui ont servi à payer cash l’appartement au 6ième étage du 10, rue Philibert Delorme, Joué les Tours.

Quant à Sylvain Ndoutingaye

Il ferait mieux d’arrêter de regarder son nombril et surtout de prendre ses fantasmes pour la réalité. Ses balivernes étalées sur CAP n’engagent que lui. Son égoïsme et son arrogance n’a d’égale que son ingratitude. Aucun jeune de Boy Rabé ne se joindra à lui dans une guerre fratricide, dans une rébellion quelconque. Il ne se passe pas un jour qu’une famille de Boy Rabé ne pleure un fils tué au combat. La population de Boy Rabé en a gros, très gros sur le cœur contre Bozizé et sa clique. Elle n’a pas voté Bozizé et continue de le clamer haut et fort. Je ne vois non plus les jeunes de Berbérati se faire trouer la peau pour un parfait inconnu. Quels jeunes Ndoutingaye « adossera »-t-il alors à sa prétendue milice ? Un peu d’humilité ça fait pas de mal !

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