Abel Goumba, agrégé de médecine de 76 ans et doyen des opposants centrafricains, est le nouveau Premier ministre de Centrafrique. Sa nomination, dimanche, par décret du président autoproclamé François Bozizé, semble faire l’unanimité.
La Centrafrique a un nouveau Premier ministre. Le professeur Abel Goumba, doyen des opposants centrafricains, a été nommé à ce poste, dimanche, par le président autoproclamé François Bozizé. » Honnête « , » intègre « , » rigoureux » sont les adjectifs qui reviennent pour qualifier cet agrégé de médecine de 76 ans, vieux compagnon de route du père de l’Indépendance Barthélémy Boganda et dans l’opposition depuis 1959. » C’est le couronnement de la vie de combat que j’ai menée pendant 40 ans pour la démocratie dans ce pays « , a déclaré l’intéressé qui a appris sa nomination par la voix des ondes, sur la radio nationale…
Ministre des Finances de Barthélémy Boganda en 1958, il assure pendant un mois la présidence intérimaire à la mort de ce dernier en 1959 avant de céder le pouvoir à David Dacko qui l’emprisonne et le pousse à l’exil. Abel Goumba devient alors fonctionnaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), militant de l’extérieur pour le renversement de Bokassa, au pouvoir depuis 1966 à la suite d’un coup d’Etat. Il rentre en Centrafrique en 1979 et sera candidat malheureux à la présidentielle de 1981, remportée par David Dacko. Ce dernier est renversé la même année par le général André Kolingba. Le professeur de médecine est alors nommé recteur de l’Université de Bangui et se présente aux présidentielles de 1993 et 1999, remportées par Ange-Félix Patassé.
Une » libération «
Pendant les 10 ans de pouvoir du président déchu, Abel Goumba n’aura de cesse de faire entendre la voix de l’opposition, en tant que président du Front patriotique pour le progrès (FPP) et leader de la Concertation des partis politiques de l’opposition (CPPO, qui regroupe 12 formations). Resté proche de François Bozizé – les deux hommes ont été emprisonnés ensemble sous le régime du président André Kolingba -, Abel Goumba avait estimé jeudi dernier que la prise de pouvoir par le général n’était » pas un coup d’Etat mais une révolution, une libération « . Il a été le premier homme politique reçu par le nouveau chef de l’Etat qui l’a consulté à deux reprises depuis le 15 mars dernier.
» Le général Bozizé a dit qu’il souhaitait s’entourer de ministres intègres, travailleurs, ayant le sens de l’Etat. Un gouvernement ramassé, soudé, et surtout l’intégrité, la lutte contre la corruption, c’est tout ce que j’ai toujours préconisé pour ce pays « , a-t-il indiqué dimanche. Une semaine après le putsch, cette nomination, qui semble recueillir le consensus de la population centrafricaine, est un gage de sérieux vis-à-vis de la communauté internationale. Elle consolide la » normalisation » qui gagne un peu plus chaque jour la capitale centrafricaine.
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