Boycott du dialogue républicain en Centrafrique : l’opposition tend un piège à Touadéra


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Faustin Archange Touadéra
Faustin Archange Touadéra, Président de la Centrafrique

À quelques heures de l’ouverture du « dialogue républicain » en Centrafrique, l’opposition se retire du jeu. Une décision qui ne pouvait pas plus mal tomber pour le Président Faustin-Archange Touadéra qui avait promis l’organisation de ces assises depuis plusieurs mois.

Annoncé depuis près de 20 mois, le « dialogue républicain » voulu par le Président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, s’ouvre ce lundi 21 mars et durera jusqu’au dimanche 27 mars. Seulement voilà. Les partis d’opposition, qui depuis le début, avaient promis de prendre part aux assises et qui ont d’ailleurs participé aux préparatifs, viennent de tourner casaque. L’opposition élargie, qui comprend la Coalition de l’opposition démocratique (COD-2020), le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) de Martin Ziguélé et le Parti africain pour une transformation radicale et l’intégration des États (Patrie) de Crépin Mboli-Goumba, a attendu ce dimanche, soit la veille de l’événement pour annoncer son boycott.

L’ancien Premier ministre, Me Nicolas Tiangaye, porte-parole de cette opposition, a justifié cette prise de position : « Les groupes armés sont les protagonistes de la crise et on ne peut pas régler la crise en excluant ces protagonistes ». L’autre point de friction, c’est le débat réclamé en vain par l’opposition sur le scrutin de 2020 qui a vu la réélection de Faustin-Archange Touadéra, laquelle réélection est toujours contestée par cette opposition.

Plus tôt, samedi, le parti Kwa Na Kwa (KNK) de l’ancien Président, François Bozizé, avait annoncé qu’il ne participerait pas au dialogue, pour des raisons similaires. Le Mouvement Kodro ti Mo Kozo Si (MKMKS) de Jean-Serge Bokassa et le Mouvement démocratique pour la renaissance et l’évolution de Centrafrique MDREC de Joseph Bendounga sont sur la même longueur d’onde.

Consternation et déception du côté du parti au pouvoir et de la société civile

Dans le parti du Président Touadéra, on ne comprend pas cette attitude de l’opposition que l’on qualifie d’« absurde ». « Malgré la main tendue par le chef de l’État, ces gens-là ne sont pas pour la paix. Un groupe de personnes ne peut pas continuer à prendre la République centrafricaine en otage », s’indigne Mathurin Dimbelet-Nakoé, cadre du parti et conseiller spécial du Président de l’Assemblée nationale.

La déception n’a pas épargné la société civile. « J’aurais aimé voir toutes les sensibilités autour de la table », soupire Paul-Crescent Beninga, membre de la société civile et rapporteur général du comité d’organisation du dialogue. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Présidence centrafricaine a maintenu le dialogue pour ce lundi. La question est alors de savoir pour quoi faire ? Puisque sans l’opposition et les groupes armés, principaux acteurs de la crise qui secoue la République centrafricaine depuis 2013, il n’y a manifestement plus dialogue.

A lire : Centrafrique : des divergences à la veille de la tenue du dialogue national

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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