Président de la République algérienne depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika vient de franchir le cap des 100 jours de son quatrième mandat. Un bilan marqué par l’éternelle absence du chef de l’Etat.
Difficile d’établir un premier bilan des actions du Président Bouteflika, 100 jours après la prise de fonctions pour un quatrième mandat à la tête de l’Algérie, étant donné son absence de la scène politique. Le dirigeant algérien serait toujours en convalescence, puisqu’aucun communiqué ne vient affirmer le contraire. Bouteflika assure le service minimum : accueil des délégations officielles étrangères, lettres de félicitations ou condoléances diffusées sur les médias publics. Ce sont ses hommes de « confiance » qui se chargent du reste.
Mais le champ de manoeuvre est mince, car l’Algérie est confrontée à un blocage politique, similaire à celui qui a précédé l’élection présidentielle, dans l’attente d’une nouvelle Constitution prévue en novembre prochain. Voilà plusieurs semaines que les décideurs tiennent le même discours lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes : « Il faut attendre la révision de la Constitution ». Dans de telles circonstances, les cafouillages sont nombreux, comme l’atteste la gestion du crash au Mali du vol Air Algérie AH5017. Les autorités algériennes ont attendu 10 heures pour annoncer l’accident. La communication s’est ensuite faite au compte-gouttes. C’est la France qui a pris les devants en communiquant régulièrement et qui a agit comme s’il s’agissait d’un avion d’Air France. Bouteflika a attendu 24 heures pour diffuser un message décrétant un deuil national de trois jours.
Bouteflika parle aux dirigeants mais pas aux Algériens
Cette absence du Président, qui dure depuis trois ans, pèse de plus en plus sur la population, constate la presse locale. Les Algériens et les familles des victimes attendaient pourtant de pied ferme le discours à la Nation qu’aurait dû prononcer le Président. A en croire un communiqué diffusé ce mercredi par l’agence officielle APS, Bouteflika s’est entretenu avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Siisi et avec l’Emir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, sur la situation à Gaza. Le dirigeant algérien aurait donc pu s’adresser à la Nation. A propos du dossier palestinien, la presse algérienne s’est indignée de la lenteur avec laquelle Alger est sortie de son mutisme pour annoncer une aide de 25 millions de dollars à destination de Gaza, après que plus de 1 000 Palestiniens aient été massacrés par l’armée israélienne. Une lenteur qui n’étonne pas lorsque l’on sait que Bouteflika ne s’est toujours pas exprimé à propos des violences qui sèment, depuis plusieurs mois, le trouble à Ghardaïa.
« En politique, tout se passe dans les coulisses »
100 jours après son investiture pour la quatrième fois à la tête du pays, Bouteflika a brillé par son absence. Mais à en croire un ministre algérien, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat au quotidien en ligne TSA, tous ces commentaires ne sont que « spéculation ». « Le Président est présent partout. Vous ne voulez pas le voir, c’est votre problème. Mais c’est bien lui qui dirige le pays et c’est grâce à lui que nous vivons dans la stabilité », lance-t-il. Ce ministre invite la presse et les Algériens à « regarder ce qui se passe en Libye, en Tunisie, en Égypte. La presse et les Algériens doivent remercier le Président qui a su éviter le chaos à notre pays ». Pour ce membre du gouvernement, « le Président n’a pas besoin de parler pour mériter son mandat. En politique, tout se passe dans les coulisses. Le pays fonctionne. Ne faîtes pas du Président une obsession », conclut-il.
Les Algériens se demandent où est Bouteflika et s’il est en mesure d’achever son quatrième mandat. N’ayant pas de réponses à ces interrogations, la société civile se contente d’observer les agitations d’un Belkhadem qui « tente le tout pour le tout pour récupérer le FLN ».