Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a effectué hier une visite éclair à Alger au cours de laquelle il s’est entretenu en tête à tête avec le chef de l’Etat. Parmi les sujets abordés : le prix du gaz algérien, le Sahara occidental et l’immigration clandestine.
Officiellement, cette visite devait permettre au responsable espagnol de participer à la 3e réunion de haut niveau algéro-espagnole et d’assister à la signature, par les ministres de la Justice des deux pays, d’une convention d’extradition. Malgré le fait que son déplacement était court, M. Zapatero serait venu néanmoins avec la ferme intention de rentabiliser au maximum sa rencontre avec le président Bouteflika.
Des discusions autour du prix du gaz algérien
A ce propos, les grands titres de la presse espagnole s’étaient montrés persuadés hier que José Luis Rodriguez Zapatero s’était déplacé dans la capitale algérienne en se fixant le pari de convaincre Abdelaziz Bouteflika de vendre du gaz à son pays à un prix préférentiel. Le chef du gouvernement espagnol aurait eu à l’idée notamment, à travers sa décision de faire part d’une telle demande aux autorités algériennes, de rendre plus supportable la facture énergétique de l’Espagne. Celle-ci, rapporte-t-on, se serait alourdie après, entre autres, les amendements apportés par le gouvernement à la loi sur les hydrocarbures. Il n’est pas impossible aussi que l’Espagne cherche, par le biais de cette démarche, à sécuriser au mieux ses approvisionnements énergétiques et à s’implanter davantage sur le marché algérien où ses firmes sont déjà présentes en force. En ce sens, la ruée vers l’énergie qui s’est emparée de l’Europe depuis la crise du gaz qui a apposé l’année dernière la Russie à l’Ukraine semble avoir convaincu les pays de l’Europe occidentale à assurer, quoi qu’il leur en coûte, leurs arrières.
Dans ce registre, il est quand même à signaler que la visite du chef du gouvernement espagnol intervient au lendemain de l’annonce par les compagnies pétrolières British Petroleum (BP) et Total de vendre leurs actions dans le projet Medgaz. M. Zapatero est-il parvenu à ses fins ? Difficile à dire. A l’exception de l’annonce de la signature par les deux pays d’un accord d’extradition, peu d’éléments sur la visite du président du gouvernement espagnol ont filtré. Les officiels des deux pays semblent d’ailleurs s’être arrangés soigneusement à faire en sorte que la presse suive l’événement à distance. Mais quoi qu’il en soit, de nombreux spécialistes des questions énergétiques s’accordent à dire que pour obtenir de l’Algérie un traitement de faveur en matière de gaz (une chose qui ne se ferait plus d’ailleurs aujourd’hui), l’Espagne doit offrir, en contrepartie, quelque chose qui soit au moins aussi important et aussi stratégique que l’énergie.
Les dossiers du Sahara occidental et de l’immigration clandestine
Mais si rien n’a filtré sur les résultats de leurs discussions, les dirigeants des deux pays n’ont pas caché, cependant, le fait qu’ils ont abordé, dans le détail, le dossier de l’énergie et de la coopération bilatérale. Cela au même titre d’ailleurs que la problématique de l’immigration clandestine et la question du Sahara occidental. Pour l’heure, peu de monde sait avec quel état d’esprit M. Zapatero a regagné hier l’Espagne.
Toutefois, l’opinion est davantage éclairée sur ce que l’Algérie attend de l’Espagne, un pays avec lequel elle est liée depuis 2002 par un traité d’amitié. Ainsi, le président Bouteflika n’a pas manqué l’opportunité de la visite de son homologue espagnol pour réitérer son souhait de voir l’Espagne s’engager « de manière plus résolue à amener le royaume du Maroc et le Front Polisario à accepter de mettre au point les modalités du référendum d’autodétermination libre et régulier qui permettra l’expression de la volonté souveraine du peuple du Sahara occidental, conformément à la légalité internationale ».
Le chef de l’Etat qui n’a pas omis, par ailleurs, de rappeler la qualité des relations entre les deux pays s’est aussi efforcé, d’après les lectures faites par les observateurs de son discours prononcé lors du déjeuner offert en l’honneur de José Luis Rodriguez Zapatero, de faire comprendre à son invité que l’Espagne a tout à gagner en allant dans le sens des attentes exprimées par l’Algérie. Le premier bonus pour Madrid sera de garantir une partie appréciable des grands marchés financés par l’Etat dans le cadre du plan de soutien à la croissance économique auquel ont été alloués près de 100 milliards de dollars.
Zine Cherfaoui, pour El Watan