Le Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a quitté samedi 17 décembre 2005 au matin l’hôpital du Val de Grâce de Paris où il avait été admis le 26 novembre.
Selon le Professeur Messaoud Zitouni, médecin personnel du chef de l’Etat, « l’état de santé du Président de la République M. Abdelaziz Bouteflika évolue très favorablement et les suites de l’intervention qu’il a subie sont d’un très bon pronostic ». Le communiqué officiel du Professeur ajoutait «Durant son hospitalisation, ses médecins traitants ont prescrit des examens complémentaires dans le cadre d’un bilan de santé approfondi».
« Les résultats des investigations étant satisfaisants, les
médecins ont décidé la sortie, ce samedi, du Président de la République de l’hôpital. Un repos strict a été prescrit au Président avant la reprise de ses activités nationales et internationales ».
Zitouni contre Debré
Le président Bouteflika, 68 ans, avait été transféré le 26
novembre dernier en France, pour des « troubles digestifs ». Après dix jours d’hospitalisation, le premier bilan médical publié le 5 décembre dernier faisait état d’un « ulcère hémorragique nécessitant une intervention chirurgicale ». Cela a été le seul communiqué sur l’état de santé du Président algérien jusqu’à aujourd’hui.
En dépit des assurances apportées par les autorités gouvernementales, des rumeurs avaient circulé au sujet de la maladie du chef de l’Etat algérien. Le Pr Bernard Debré, qui pourtant n’a pas soigné M. Bouteflika, avait déclaré jeudi à une radio française qu’il était «probable» que le chef de l’Etat souffre d’un cancer de l’estomac. Cette déclaration a attiré une verte réplique du Pr Messaoud Zitouni, qui la rejette pour des raisons aussi bien médicales que déontologiques… En soulignant que le Pr Debré n’a jamais approché Abdelaziz Bouteflika, ce qui ne lui permet évidemment pas d’avoir un diagnostic autorisé, il s’est interrogé sur son « éthique »…
Bouteflika en direct sur la télévision algérienne
Dans la soirée du samedi 17 décembre, Abdelaziz Bouteflika avait donc choisi de réserver à la télévision algérienne ses premiers commentaires, et le peuple algérien a pu le retrouver aussi pugnace et direct qu’avant son intervention : « Les Algériens s’inquètent, paraît-il? Le peuple algérien n’a pas de raison de s’inquiéter! » En gros, le Président est là, et bien là, il tient la barre, et ne se laissera pas abattre par cet accident de santé. Reste que s’il marche, c’est à pas relativement lents ; s’il parle, c’est d’une voix un peu enrouée ; s’il se lève seul de son fauteuil et plaisante en fin d’interview avec ses collaborateurs, c’est sans grande joie… La convalescence prendra encore quelques semaines.
A Alger, l’apparition télévisée de Bouteflika, même encore fatigué, a fait pousser un vrai « ouf » de soulagement à tous ceux qui voient en lui l’homme de la paix civile, de l’ouverture de l’Algérie, de la floraison des téléphones portables et de la croissance économique retrouvée. Cette image calme surtout l’inquiétude de ceux qui redoutaient de ne pas le voir revenir en Algérie, et appréhendaient les conditions de sa succession…
Dans l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, en revanche, une autre forme d’inquiétude est apparue : beaucoup, connaissant le tempérament de l’homme, craignent qu’il reste sourd à l’avis des médecins, et ne respecte pas le délai de repos complet qui est prescrit, et se remette au travail avant l’heure… Une liberté que le vieux combattant pourrait payer cher, plus tard… Mais il est vrai qu’il n’a jamais su se ménager!