Le chef de l’Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, radicalise son discours face aux revendications de diverses catégories sociales. Il entend réprimer la violence par la violence : une mise en garde explicite pour tout éventuel coup de force populaire. Des déclarations qui ne vont pas dans le sens de l’apaisement, à quelques mois des législatives.
» La démocratie suppose le dialogue et le dialogue rejette la violence (…). Les actes de violence seront punis par la violence « . Le nouveau discours du président algérien, à l’occasion de l’ouverture du séminaire national sur l’initiative du nouveau partenariat pour le développement africain (Nepad), est clair. Il n’entend pas tolérer de coup de force revendicatif et entend réprimer sévèrement tout débordement éventuel.
Que les manifestants se le tiennent pour dit. L’Etat n’acceptera les doléances de la rue que si elles s’inscrivent dans le cadre de revendications pacifiques. Manifestations, marches, sit-in et autres mouvements de contestation sont désormais sous haute surveillance. Avec le feu-vert explicite accordé par le chef de l’Etat, les autorités sont désormais prêtes à utiliser la loi du talion pour punir tout fauteur de trouble.
La poudrière kabyle
Le fait qu’il n’y ait eu aucune allusion faite par Bouteflika au sujet des travaux de la commission Issad, chargée de faire la lumière sur les différentes responsabilités civiles lors des événements kabyles du printemps dernier, n’a échappé à personne. Et de nombreuses coordinations d’archs y voient là un camouflet à l’encontre des partisans du dialogue et de la justice.
» Je ne vois pas de problèmes difficiles à prendre en charge pour peu que la Constitution et les lois de la République le permettent « . Autre sujet de préoccupation pour la communauté amazigh, la résolution prise par le premier magistrat du pays de ne s’appuyer que sur les textes actuels pour régler les différents conflits dans le pays. L’inquiétude porte notamment sur l’adoption du tamazight en tant que langue nationale. Une mesure promise en octobre dernier qui nécessiterait une révision de la constitution : quand celle-ci sera-t-elle mise en chantier ? Va-t-on vers une éventuelle volte-face ? Telles sont les interrogations qui naissent en Kabylie
A quelques mois des législatives, l’Etat radicalise ses positions et se déclare ainsi prêt à répondre à toute agression. Le processus électoral doit se faire dans l’ordre : la sécurité avant tout. Mais il faut aussi que le pouvoir s’engage à en respecter le verdict !