La guerre n’a pas réussi à inoculer la haine à Boulhos Loupino. Quand les obus tombaient à Brazzaville, il s’est réfugié dans la musique pour concocter un album enjoué. Pour conjurer la haine, il résiste en chantant la vie.
Endiablé, l’album » Florence » de Boulhos Loupino. Le Congolais fait dans l’exubérance musicale. Ses notes joyeuses martèlent, comme un rire communicatif, des airs festifs. Le quinquagénaire retrouve une jeunesse heureuse, une soif de vivre décuplée par la guerre. Ce n’est pas un discours pacifiste, mais le bonheur d’un gamin, heureux de s’étonner encore. Les yeux voient ce qui échappe aux adultes. En 1997, Boulhos Loupino entame l’enregistrement de son album à Brazzaville. Le bruit des bottes n’est pas loin. Lui, il entend des harmonies amoureuses. Avant de s’exiler à Kinshasa, il a presque fini la maquette. Le bruit des bottes couvre la musique ? L’artiste traverse le fleuve.
Tournant éclectique
Le » Président Boulhos « , comme il se nomme ironiquement lui-même, s’est senti très vite à l’étroit dans le ndombolo, musique congolaise. Il ouvre son champ musical à différents styles. Dans Florence, en hommage à sa femme, il laisse éclater une verve sonore digne du meilleur zouk. On l’a compris : le Président aime sa femme, non sans profusion. Après une intro rose bonbon, sa musique se fait extravagante et démonstrative. Boulhos Loupino cultive le paradoxal. Il entend faire danser la Guadeloupe, la Martinique et l’Afrique. C’est plus qu’un clin d’oeil au Zouk, c’est de la drague. Et avec son talent et sa voix de satin, il réussira sans difficultés.
Le Président n’a pas le souffle court. Ses chansons font toutes au moins six minutes. Et le rythme ne trébuche jamais. Une question : pourquoi répète-t-il souvent » Gitans de l’an 2000 » ? Ceux qui seront tentés de penser que ses paroles sont légères seront bien avisés de l’écouter. Vivement que cet album arrive en Afrique, au Congo notamment. Hymne à la vie.
A écouter sans modération.
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