Boulangerie : le savoir-faire français s’exporte en Afrique


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(©Fouâd Harit)

La compétence française en matière de boulangerie et pâtisserie est mondialement reconnu. C’est un point sur lequel tous les acteurs de la table ronde intitulée « Le défi des nouveaux marchés pour le savoir-faire français et l’innovation dans la boulangerie », organisée par The Mecatherm Group lors du salon Europain qui a eu lieu du 8 au 14 mars à Paris Villepinte, s’accordent à confirmer.

Le saviez-vous ? La boulangerie industrielle française réalise 10% de son chiffre d’affaires à l’étranger, soit plus de 500 millions d’euros. En 2011, ce sont 215 423 tonnes de pain (sous emballages) qui ont été exportées – 4% de plus par rapport à 2010. Et l’Afrique représente un marché important puisque la consommation de pain par habitant a augmenté de 4,1%.

Les différences entre le Nord et le sud de l’Afrique

Sur le continent, le Maghreb est le premier importateur de céréales françaises. D’après le chef de mission Maghreb Afrique de l’association France Export Céréales basé à Casablanca, Yann Lebeau, l’Afrique importe jusqu’à 8,5 millions de tonnes de blé français par an. Mais c’est en Afrique du Nord où les habitants consomment le plus de pain puisque la part des importations françaises est de 6 millions de tonnes par an, dont 4 millions rien que pour l’Algérie, contre 2,5 pour l’Afrique Subsaharienne.

Cette différence s’explique notamment par le fait que dans leurs habitudes de consommations, les Nord-Africains consomment plus de pain que dans le reste de l’Afrique. En effet, ils consomment respectivement 200 kilos de blés tendre par an contre 10, 15 voire 25 kilos pour un Africain subsaharien. « En Afrique du Nord, la consommation est céréalière contrairement à l’Afrique subsaharienne où l’on consomme plutôt du riz, des bananes plantains ou du manioc, explique Yann Lebeau. Les habitudes sont différentes. » Ce dernier explique toutefois que le pain commence à prendre une place importante dans cette zone.

L’Afrique, un continent exigeant

« Ceux qui pensent pouvoir livrer du blé de mauvaise qualité en Afrique, estimant qu’il s’agit d’un dépotoir où l’on peut envoyer n’importe quoi, se trompent », prévient Yann Lebeau. Et de fait, les Africains sont très exigeants en matière de farine, c’est la raison pour laquelle seul du blé de haute qualité est livré sur le continent. Malheureusement, ce blé de qualité est très souvent mal utilisé. Il subsiste un déficit en matière de formation de boulanger. Alors qu’en France le pain est cuit à 180°, au Cameroun, par exemple, la température de cuisson monte à 280°, voire 350° !

Les meuniers (fabricants de farine) sont aussi responsables de cette mauvaise gestion des fours puisqu’au moment de vendre leurs farines ils n’indiquent pas aux boulangers la température à maintenir pour la cuisson du pain. Afin de remédier à ce problème, l’association de promotion des céréales françaises à l’international France Export Céréales entend organiser une session de formation de meuniers à Dakar, en mai 2014.

De la marque au savoir-faire

David Giraudeau, Directeur général de la chaîne de boulangerie française La Mie Câline, affirme que la France n’a pas de réel concurrent dans le secteur des boulangeries. Le pays a par conséquent la possibilité « d’exporter non seulement une marque mais aussi du savoir-faire, c’est-à-dire aider d’autres pays à travailler sur des gammes et à améliorer la qualité des produits, ainsi qu’aider à travailler la commercialisation de ces produits et le marchandising ». La Mie Câline a un partenariat de ce type avec l’île Maurice. L’objectif est de « travailler ensemble pour définir un concept à adapter sur place et de remonter la filière et créer l’outil industriel qui va bien avec », explique David Giraudeau.

Quand l’industriel envahit l’artisanal

Avec plus de 400 lignes automatiques qui fonctionnement actuellement dans plus de 40 pays, le groupe Mecatherm figure parmi les leaders mondiaux. Le groupe, qui se argue d’être le leader historique sur le marché de la baguette française et autres pains croustillants, installe des lignes automatiques pour tous types de produits. A titre informatif, « une ligne de production peut valoir entre 3 et 5 millions d’euros », indique à Afrik.com Olivier Sergent, Directeur général de The Mecatherm Group, qui constate que « le dynamisme est actuellement très fort en Afrique du Nord ».

(©Fouâd Harit)

Parmi les dernières opérations commerciales de grande ampleur à l’international, Mecatherm a conclu en décembre dernier la vente de trois lignes de production industrielle au groupe agro-industriel algérien Benamor. Ce contrat signe l’entrée de Mecatherm en Algérie, et de manière plus générale en Afrique du Nord. Le groupe a par ailleurs déjà livré des lignes de production ailleurs sur le continent : Côte d’Ivoire, Sénégal et République démocratique du Congo.

A travers cette vente conclue avec le groupe Benamor, Olivier Sergent constate que « la solution industrielle va trouver une place parmi la boulangerie artisanale existante aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que la boulangerie artisanale sera remplacée, il y a de la place pour une boulangerie industrielle significative en Afrique du Nord. Le virage est en train d’être pris et ça c’est passionnant », conclut-il.

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