Bouba et Zaza éduquent les enfants africains


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Bouba et Zaza, les nouveaux éducateurs des petits africains ? L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), le bureau de l’UNESCO et les éditions Michel Lafon lancent la collection de livres « Cultures d’enfances » destinée à sensibiliser les enfants de trois à huit ans à la vie en société et aux problématiques telles que le SIDA, la guerre ou encore la pédophilie. Ces thèmes sont abordés au travers des aventures du petit Bouba et de sa camarade Zaza. Le projet, ambitieux, comporte quelques limites.

Un projet éducatif. La collection africaine de livres « Bouba et Zaza », portée par L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), le bureau de l’UNESCO et les éditions Michel Lafon, a pour objectif d’éduquer les enfants de trois à huit ans aux problèmes liés à la vie en communauté et aux questions sensibles comme le SIDA, la guerre ou la pédophilie. Certains livres sont déjà disponibles tels que Bouba et Zaza disent merci, Bouba et Zaza découvrent la vérité sur le SIDA ou encore Bouba et Zaza savent dire non. D’autres sont à venir comme Bouba et Zaza encouragent l’éducation des filles.

Le projet est né en 2009, après avoir constaté que beaucoup d’enfants africains ne disent pas «merci», a déclaré lors du déjeuner de presse de l’UNESCO ce mercredi à Paris Rokhaya Diawara, chargé du programme pour l’éducation en Afrique et coordinatrice de l’ADEA, à Dakar. Selon elle, le projet a été « bâti autour des grands défis de développement » onusiens et la collection va « soulever certains tabous ». Pour Michel Lafon, directeur des éditions qui portent le même nom et principal financier de cette série de livres, le projet a été un « coup de cœur », même s’il n’avait pas envisagé au départ que les livres traiteraient de thèmes aussi sensibles.

Un programme ambitieux

La collection est « conforme aux programmes africains », indique chaque couverture de ces livres. Les contenus ont été soigneusement étudiés, a indiqué Michel Lafon. Il a affirmé que pour le livre Bouba et Zaza découvrent la vérité sur le SIDA, des experts en éducation ont fait appel à Luc Montagnier, qui a découvert le virus de la maladie en 1983. Des tests ont été effectués pour s’assurer que les enfants puissent comprendre le message véhiculé dans les livres et puisse en avoir une bonne perception. Afin d’aborder le thème de la pédophilie, Yves Jacques, directeur du développement international chez Michel Lafon, a expliqué que les éditions ont choisi de titrer le livre dédié à ce thème : Bouba et Zaza savent dire non. Un guide pédagogique à l’attention des adultes, des parents et des professionnels de l’enseignement, a également été créé pour les aider à accompagner les Jeunes.

Le bureau de l’UNESCO, l’ADEA et les éditions Lafon vont mettre les livres à disposition des écoles du continent, tandis qu’ils seront vendus 1 800 FCFA pièce (environ 2,70 euros) dans les librairies. Ils envisagent pour cela des partenariats avec les ministères en charge de l’éducation, déjà réunis autour de l’ADEA, ainsi qu’avec des organismes bilatéraux et multilatéraux intéressés par le projet. Une partie des bénéfices issue de la vente de ces livres sera consacrée à la recherche et au développement en Afrique.

Les enfants en dehors du système scolaire exclus

Les enfants en dehors du système scolaire, notamment dans les zones rurales, ne pourront pas avoir accès gratuitement aux livres pédagogiques. « C’est tout le problème de la politique éditoriale » en Afrique, a déclaré Rokhaya Diawara, qui a ajouté que l’enjeu relève fondamentalement des compétences des États. « Théoriquement, l’ État devrait être accessible à tous les niveaux » a-t-elle dit, précisant néanmoins que les structures étatiques sont de plus en plus « décentralisées » et les ONG de plus en plus « dynamiques ». Pourtant des efforts ont été faits pour représenter l’ensemble des enfants du continent, notamment par le choix des prénoms des personnages principaux, «Bouba» et «Zaza», mais le projet exclu une partie d’entre eux, les moins bien lotis.

D’autre part, divers supports comme les vidéos, dont l’une a été diffusée durant le déjeuner de presse, vont accompagner la collection de livres pédagogiques. Elles seront diffusées sur les chaînes privées Canal Horizon Afrique ou encore Télé sud, a déclaré Yves Jacques. La collection sera disponible en français et en anglais, de même qu’en Kiswahili. La traduction en d’autres dialectes africains va dépendre de la demande. Pourtant en dépit de ces limites, le lancement de la collection africaine «Bouba et Zaza» répond à l’un des besoins cruciaux en termes d’éducation sur le continent : le développement d’une industrie culturelle, notamment éditoriale, pour l’éducation des enfants en bas âge.

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