Rachid Nekkaz, auteur de 6 essais dont un livre-entretien avec les 7 chefs d’Etat du G7 paru aux éditions Robert Laffont » Millenarium, quel avenir pour l’humanité ? » rappelle qu’il y a 80 ans, jour pour jour, le 6 février 1945, la France du Général de Gaulle a condamné à mort et exécuté le grand journaliste et écrivain français Robert Brasillach, connu pour ses articles anti-communistes, fascistes et antisémites dans le journal » Je suis partout « .
Reconnu pour ses talents littéraires à la fois par la Gauche et par la Droite, Robert Brasillach a été condamné à mort pour » intelligence avec l’ennemi « , à cause de ses écrits, de sa plume à la fois percutante, acerbe et inspirée.
Le Général de Gaulle, champion de la France Libre, avait refusé de le gracier. Dans le tome 3 de ses » Mémoires de Guerre, Le Salut : 1944-1946 « , il avait justifié sa décision en écrivant : » Dans les lettres comme en tout, le talent est un titre de responsabilité « .
C’est au nom de ce même titre de responsabilité que la justice algérienne reproche à l’écrivain algéro-français Boualem Sansal de » porter atteinte à l’unité nationale » en affirmant que » toute la moitié Ouest du territoire algérien aurait été marocaine par le passé » sans apporter la moindre preuve historique.
Robert Brasillach ne fut pas le seul écrivain français à être condamné à mort par la justice française en 1945. Le vieil écrivain et académicien français Charles Maurras, au demeurant malade et sourd, fait partie du lot des intellectuels frappés par le pire des verdicts et de l’indignité nationale. Lucien Rebatet, auteur célèbre de » Les deux étendards » fut aussi condamné à mort avant d’être gracié en 1952. Même le Grand Céline, auteur du » Voyage au bout de la nuit » fut d’abord emprisonné au Danemark avant d’être condamné en France à 1 an de prison en 1950.
Autant dire que la République française n’a pas toujours honoré le principe de la sacro-sainte » liberté d’expression » de ses plus illustres écrivains dont elle reproche pourtant la violation à son ancienne colonie, l’Algérie.
Au regard de la condamnation à mort et de l’exécution par la justice française de l’écrivain Robert Brasillach le 6 février 1945, l’intelligentsia française a-t-elle la légitimité de priver la justice algérienne de son droit souverain de juger un écrivain au nom de ce même » titre de responsabilité » cher au Général de Gaulle que tout écrivain ou journaliste se doit d’honorer en toutes circonstances ?