Botswana : vers un séisme électoral ?


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Les Botswanais sont invités aux urnes ce mercredi pour élire leurs députés qui, à leur tour, éliront le président de la république. Seulement, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays, l’inamovible BDP (Parti Démocratique du Botswana, en français) risque de descendre de son piédestal, en raison de sérieuses dissensions opposant l’actuel chef de l’Etat à son prédécesseur et mentor.

Depuis 6h30, heure locale (4h30 GMT), les 2 200 bureaux de vote sont ouverts sur toute l’étendue du territoire botswanais, et ce jusqu’à 19h 00 (17h 00 GMT). 930 000 électeurs inscrits sont attendus pour élire les 57 députés du parlement. La particularité de ces élections, c’est que pour la première fois depuis 1966, le BDP qui a fourni au pays ses cinq présidents (Seretse Khama, 1966-1980 ; Ketumile Masire, 1980-1998 ; Festus Mogae, 1998-2008 ; Seretse Ian Khama, 2008-2018 ; Mokgweetsi Masisi), n’est pas sûr de sa victoire. La raison ? La guerre sans merci que se livrent l’ancien président Ian Khama et celui à qui il a passé la main, après l’avoir nommé vice-président, Mokgweetsi Masisi. Pour Ian Khama, l’actuel président fait peser une menace sur la démocratie botswanaise : « J’ai constaté une menace pour notre démocratie […]. Nous avons des dirigeants devenus ivres du pouvoir », a-t-il affirmé.

Il faut dire que depuis qu’il est devenu président de la république, Mokgweetsi Masisi s’est émancipé de son mentor, remettant même en cause des actions phares de sa politique, comme l’annulation de la mesure d’interdiction de la chasse aux éléphants.

Les points de friction sont si profonds qu’en mai dernier, Ian Khama a claqué la porte du parti fondé par son père, le premier président du Botswana en 1962 qui a mené la lutte pour l’indépendance du pays en 1966.

Dans ces conditions, c’est le chef du principal parti de l’opposition, l’UDC (Coalition pour un Changement Démocratique, en français), Duma Boko, qui jubile, croyant de plus en plus à la possibilité d’une alternance ; ceci d’autant plus que l’ancien président a appelé les électeurs à voter pour ce parti. Que se passera-t-il ? Le séisme aura-t-il lieu ? Le vote qui se déroule actuellement livrera ses résultats d’ici à la fin de la semaine. D’ores et déjà, le président Masisi a donné l’assurance qu’il respectera les résultats qui sortiront des urnes : « Si l’inattendu se produit et que nous ne sommes pas vainqueurs, je ferai tranquillement mes bagages et je rentrerai chez moi », a-t-il affirmé.

Tout porte donc à croire que même un séisme électoral comme celui qui s’annonce n’ébranlera pas la stabilité de ce pays modèle qui administre depuis des lustres des leçons de démocratie à toute l’Afrique.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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