2001, l’odyssée d’un espace. L’espace africain que, depuis bientôt un an, nous explorons, comme l’a dit un jour le poète français Arthur Rimbaud, qui d’ailleurs, ne résista pas longtemps à son appel, « avec des yeux de 36 000 caniches nouveaux nés ». Espace que nous tentons chaque jour de transmettre à nos cyberlecteurs de nos petits doigts baladeurs de claviers.
L’Afrique est terre de nuances, terre de complexités, qui exigent des vertus (apparemment) contradictoires pour se livrer au réel : humilité et ambition, esprit de synthèse et crainte des raccourcis faciles, ouverture et prudence…
Alors que le troisième millénaire chrétien – d’aucun le nomment « universel », on se demande pourquoi – s’annonce, l’Afrique, comme à son habitude trace sa propre voie vers l’ère des nouvelles technologies, forte de ses traditions, de ses cultes, des innombrables communautés qui la peuplent. Cela nous en avons la certitude. Elle le fit et le fera encore de façon imprévisible, avec astuce et moins douloureusement que d’aucuns veulent le croire.
Car le scepticisme occidental, vis à vis de l’Afrique, masque trop souvent son manque d’imagination, incapable de penser chez l’autre une voie de progrès et d’émancipation hors des sentiers battus de sa propre Histoire. Incapable de soupçonner des modèles d’existence valables qui ne soient dictés par le plus fort. Ce manque d’imagination traduit également une générosité déficiente. Osons ici parler de vraie générosité, pas d’ajustements structurels ou d’aides poussives et autres cadeaux empoisonnés. Celle qui tend à voir l’autre tel qu’il est, sans a priori, ni fausses pudeurs, et non pas tel que l’Occident voudrait le voir et le comprendre. L’Afrique et les Africains ne sont pas des produits passifs du Nord, n’en déplaise aussi à certains dirigeants qui se plaignent d’un héritage colonial qui a pétri leur puissant arbitraire.
Aussi, pour découvrir mieux encore ces chemins de traverses, commençons par souhaiter, avec trois mois d’avance, « ‘amsaïd » à près de la moitié des Africains pour lesquels la « ‘achoura » – premier jour de l’an lunaire 1422 chez les musulmans – a plus de sens et de valeurs qu’un jet de cotillons. Et à celui qui se fiche de la « nouvelle année », comme de l’ « ‘amsaïd », qu’il reçoive – l’occasion est trop rare dans nos colonnes pour nous en priver aujourd’hui – l’assurance de nos sentiments fraternels. Autrement dit : des gros bisous. Ce n’est pas « bonne année ». Mais – juré – ça en a toute la chaleur.