Boniface Ndong en entretien exclusif


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Boniface Ndong
Boniface Ndong

À l’image du sélectionneur national de football du Sénégal, Aliou Cissé, qui avait raté une finale en tant que joueur en 2002, puis en tant qu’entraîneur en 2019, avant d’offrir au Sénégal sa première étoile africaine en 2022, son homologue du basket Boniface Ndong, rêve d’en faire autant… Finaliste de l’Afrobasket masculin 2005 en Algérie et aujourd’hui à la tête de l’équipe nationale du Sénégal, l’ancien pivot des Clippers de Los Angeles (NBA) travaille pour mettre fin à la longue disette du Sénégal, qui attend son sixième titre continental, depuis 1997.

Entretien

Vous êtes l’un des rares Africains et Sénégalais à évoluer dans le prestigieux championnat américain (NBA). Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Évoluer dans le championnat américain, en tant qu’Africains est tout d’abord un honneur, mais aussi une opportunité d’apprendre et de continuer à grandir comme entraîneur. Aussi, de pouvoir retourner en Afrique avec des connaissances qui peuvent aider à faire grandir le basket sur notre continent. Bien sûr, qu’il y a de plus en plus d’Africains, par exemple comme Sénégalais Desagana Diop à Houston, Amadou Mbodj à Chicago Bulls et aussi d’autres Africains. Je pense que ces connaissances nous aideront à grandir comme entraîneur, personnellement, mais aussi de pouvoir avoir des opportunités d’apporter plus d’expérience de basket en Afrique. Sachant qu’il y a beaucoup de jeunes Africains évoluant dans les championnats universitaires américains.

Vous avez été vainqueur de l’Euroligue, en 2010, et remporté la Coupe du Roi avec le FC Barcelone…

Oui, le FC Barcelone a été l’une des plus grandes étapes de ma carrière. Je pense que j’ai gagné une douzaine de trophées dans ma carrière, dont huit avec le FC Barcelone. Comme vous l’avez dit, l’Euroligue en 2010. Il y a eu le championnat espagnol en 2011, 2012, puis la Coupe du Roi 2010, 2011 et trois Supercoupes de 2010 à 2012. Donc, j’étais dans une des meilleures équipes en Europe, à ce moment-là, et qui a été un moment culminant de ma carrière.

Boniface Ndong a été international sénégalais, comment avez- vous vécu votre carrière sous le drapeau national ?

Ma carrière internationale a également été une des étapes les plus importantes. Vous savez, c’est toujours un sentiment d’abord de patriotisme. Beaucoup de sentiments personnels, qu’on ressent lorsqu’on met le maillot national. Une fierté de présenter et représenter son pays, une fierté de jouer pour son pays, pour sa famille et ses compatriotes. Pourquoi ? Parce que nous sommes Sénégalais et nous sommes fiers de l’être. Nous avons toutes nos familles au Sénégal. Comme je le dis, le plus grand regret que j’ai eu dans ma carrière est de n’avoir pas gagné la Coupe d’Afrique de basket en tant que joueur.

Comment expliquez- vous la longue disette du Sénégal, qui n’a plus remporté de titre depuis 1997, malgré la présence de très bons joueurs ?

La longue disette du Sénégal est difficile à expliquer. Je pense que la première raison est d’ordre sportif. Vous savez, les tournois à élimination directe sont toujours très difficiles. Nous avons pu amener beaucoup d’équipes, qui étaient parmi les favorites, mais toujours on arrivait court. Ma dernière campagne, en 2005, où on est arrivé en finale, en a été une… Par exemple, l’été dernier à Kigali où on avait une équipe très compétitive, mais un peu jeune. Parfois, la jeunesse, parfois le manque de joueurs, parfois de petites choses, qui ont fait qu’on était jamais loin. On court toujours depuis 1997, donc l’important est de continuer à travailler. J’ai eu l’honneur de représenter mon pays, en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Je continue à travailler de tous mes efforts, pour que cette longue disette se termine un jour.

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Qu’est-ce qui explique votre absence à la tête des Lions, ainsi que de quelques cadres de l’équipe nationale, lors des dernières Fenêtres des qualificatifs pour la Coupe du monde à Dakar ?

Parce que la NBA et l’Euroligue ne font pas de pause pendant les fenêtres FIFA. C’est pour cela que ni moi, ni Desagana Diop, Gorgui Sy Dieng, Ibrahima Faye …, ne pouvions pas venir pour les différentes rencontres à l’Arena de Dakar. Le tournoi de qualification de la Coupe du monde, qui s’est déroulé à Dakar, a été un très bon tournoi. Félicitations à la Fédération sénégalaise et à l’État du Sénégal. Donc, je pense qu’aujourd’hui, le Sénégal est un point fort du sport africain, avec l’Arena de Dakar et le nouveau stade Me Abdoulaye Wade.

Vous aviez certainement suivi ces éliminatoires de la Coupe du monde de basket avec son lot de surprises, notamment le Sénégal qui s’incline à domicile devant la RDC et le Sud Soudan qui a terrassé la Tunisie, championne d’Afrique en titre…

Pour le tournoi, il y a eu des surprises comme vous l’avez dit. Le Soudan du Sud qui a gagné tous ses trois matchs, connaissant qui est en tête de cette équipe et ce qu’ils ont fait depuis les dernières campagnes, c’est peut-être une petite surprise. On s’attendait à ce que ça soit une équipe qui va continuer à grandir, parce que ce sont de jeunes joueurs et ils sont bien encadrés avec Luol Deng (Président de la Fédération et ancien des Bulls de Chicago, ndlr), qui continue de faire un excellent travail. Malheureusement pour le Sénégal, nous avons perdu un match contre la RDC (55-62). Vous savez, ce sont des choses qui peuvent arriver, heureusement qu’on s’est rattrapé avec une belle victoire contre le Kenya (100-55). Donc, on préparera mieux pour les fenêtres de juillet et août, pour essayer de remporter tous nos matchs.

Parlez-nous un peu de votre carrière professionnelle ?

Ma carrière professionnelle a été le fruit d’un travail, qui a payé sur la durée, parce que j’ai commencé le basket tard. J’ai même commencé un basket organisé à 16 ans. Donc, c’est quand je suis arrivé à Dakar Université Club de Cheikh Anta Diop, que j’ai vraiment commencé à jouer un basket un peu structuré. Après, j’ai eu la chance d’aller en Allemagne où j’ai rencontré Holger Geschwindner. Un entraîneur allemand qui m’a beaucoup aidé pour pouvoir rattraper le temps perdu et arriver au haut niveau. Passant par la deuxième division allemande, avant d’arriver en France, les États-Unis, la Russie, l’Espagne et pour finir en Turquie. Je suis allé du plus petit niveau européen avec la deuxième division allemande, pour arriver au FC Barcelone ou à Galatasaray ou j’ai fini ma carrière. Ce fut long, mais le fruit de beaucoup de travail et de sacrifices, qui m’ont fait arriver sur le toit de l’Europe, en 2010, en gagnant l’Euroligue. Ce fut une carrière satisfaisante, mais aussi rendre grâce à Dieu, de la chance que j’ai eu de pouvoir évoluer au plus haut niveau européen et de gagner beaucoup de trophées.

Vous aviez été adjoint CB Malaga, comment ça s’est passé ?

Effectivement, Málaga fut le début de ma carrière d’entraîneur. C’est là où j’ai appris beaucoup sur les bases, de ce que c’est que d’abord d’être entraîneur adjoint. C’est ça qui m’a aussi un peu préparé, pour prendre les rênes de l’équipe nationale. J’ai appris sous Joan Plaza et Luis Casimir. Les trois à quatre années, que j’ai fait là-bas, m’ont permis d’évoluer et de grandir comme entraîneur. Mais, elles m’ont aussi ouvert les portes de Denver Nuggets, parce que c’est grâce à ce travail que j’ai fait à Malaga que j’ai eu l’opportunité de venir à Denver et de continuer à grandir.

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