Bolloré Africa Logistics va passer sous le pavillon italo-suisse du groupe MSC Mediterranean Shipping Company. Cette vente, d’un montant de 5,7 milliards d’euros, regroupe l’ensemble des activités de transport et logistique du Groupe Bolloré en Afrique.
A l’issue de négociations entamées en décembre 2021, le Groupe Bolloré a signé, le 31 mars 2022, un contrat prévoyant la cession au Groupe MSC (Mediterranean Shipping Company) de 100% de Bolloré Africa Logistics, pour une valeur nette des intérêts minoritaires de 5,7 milliards d’euros. Les négociations exclusives avaient été ouvertes en décembre 2021. Le groupe précise que la réalisation définitive de cette cession reste conditionnée « à l’obtention d’autorisations réglementaires » ainsi qu’à « l’accord de certaines des contreparties de Bolloré Africa Logistics », sans qu’il ne soit précisé de quelles contreparties il s’agit. La clôture de la vente doit intervenir d’ici la fin du premier trimestre 2023.
Bolloré Africa Logistics exploite 42 ports dans le cadre de concessions ainsi que 16 terminaux à conteneurs, deux terminaux à bois et un terminal fluvial. Il opère également trois concessions ferroviaires en Afrique et dispose d’un réseau de 85 agences maritimes. La branche portuaire et logistique du groupe pèse environ 20 000 emplois direct en Afrique et plusieurs centaines de milliers d’emplois indirects. C’est donc un acteur clé du développement économique en Afrique mais aussi un acteur essentiel du contrôle et de la régulation des flux de marchandises à l’arrivée et au départ du continent. C’est pourquoi cette vente n’est pas qu’économique mais aussi largement politique, et loin d’être neutre en termes d’influence.
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Avec cette méga acquisition, MSC va devenir le premier opérateur du secteur portuaire en Afrique où il était déjà présent à travers sa filiale Terminal Investment Group (TIL) qui a les concessions des terminaux de Lomé au Togo et de San Pedro en Côte d’Ivoire.
Bolloré et MSC s’étaient affrontés dans la compétition pour les concessions, par exemple sur le port de Douala, avant que le Gouvernement camerounais ne reprenne directement la main. La réduction de la concurrence n’est sans doute pas une bonne nouvelle pour les finances des Etats africains concernés.
Pour autant, Bolloré ne quitte pas complétement l’Afrique a qui il doit une grande partie de sa fortune puisqu’il conservera et développera Canal+, premier opérateur de télévision payante en Afrique francophone et actionnaire important de MultiChoice, le leader de la télévision payante en Afrique anglophone. Il y poursuivra également ses développements dans de nombreux secteurs comme la communication, le divertissement, les télécoms, l’édition.