Bolloré accusé de violations des droits humains en Afrique par un Actionnaire


Lecture 3 min.
Bollore logistic
Bollore logistic

Le fonds souverain norvégien accuse Bolloré de violations des droits humains en Afrique, citant des conditions de travail indignes et des abus dans ses plantations au Cameroun.

Le 30 juin dernier, le conseil d’éthique du puissant Norwegian Government Pension Fund Global (GPFG) a publié un rapport dévastateur concernant le groupe Bolloré. Le fonds souverain norvégien, l’un des actionnaires de Bolloré, accuse la multinationale de graves violations des droits de l’homme en Afrique, particulièrement au Cameroun, où sa filiale indirecte, la Société camerounaise des palmeraies (Socapalm), est sous le feu des critiques.

Des conditions de travail indignes

Selon le rapport, plus de 60 % des 7 000 travailleurs de la Socapalm sont payés en dessous du minimum légal et ne perçoivent pas les prestations sociales pour lesquelles ils cotisent. Moins de 20 % des logements des travailleurs répondent aux normes de logement satisfaisantes. Le rapport mentionne également des cas de viols, de violences et de harcèlement sexuel commis par des employés et des agents de sécurité de la Socapalm.

Les habitants locaux accusent la Socapalm d’étendre ses plantations sur des terres leur appartenant et de rendre difficile l’accès à leurs propres propriétés. Ils dénoncent également la pollution des eaux environnantes par les activités de la plantation. Cette situation a conduit à une procédure judiciaire en France, où Bolloré a dû admettre partager le contrôle de Socfin avec Hubert Fabri, malgré sa revendication de n’être qu’un actionnaire minoritaire.

Une influence néfaste en Afrique

Le conseil d’éthique du GPFG a réalisé une enquête approfondie sur le terrain, confirmant les nombreuses plaintes des travailleurs et des riverains. Il souligne que Bolloré, avec une participation de 39,75 % dans Socfin et de 34,4 % dans Socfinaf, ainsi qu’une représentation de longue date dans les conseils d’administration, aurait dû avoir suffisamment d’influence pour améliorer la situation.

Les abus constatés à la Socapalm ne sont pas isolés. Des problèmes similaires sont signalés dans d’autres plantations de la Socfin, notamment au Liberia, où des travailleurs se sont révoltés contre la Salala Rubber Corporation (SRC), incendiant son siège et le domicile de son directeur. Ces révoltes font suite à des années de plaintes concernant la perte de terres agricoles, la pauvreté et l’insécurité alimentaire causées par les plantations.

Une demande de changements immédiats

Face à ces constats, le conseil d’éthique du GPFG recommande d’exclure Bolloré et la Compagnie de l’Odet du fonds souverain norvégien. Cependant, la Norges Bank, gestionnaire du GPFG, a décidé de maintenir ses investissements dans ces entreprises, tout en leur donnant deux ans pour améliorer leur gestion des droits de l’homme, des conditions de travail et du harcèlement sexuel.

L’organisation internationale Grain et d’autres associations de la société civile estiment que cette décision est insuffisante et réclament un désinvestissement immédiat pour envoyer un message fort contre les pratiques irresponsables de Bolloré et Socfin. Elles ont adressé une lettre à la direction de la Norges Bank, affirmant que rester dans le capital de ces entreprises contribuerait aux effets négatifs continus de leurs activités.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News