Le déploiement de la force africaine de 8 700 hommes contre Boko Haram est au cœur des discussions à l’occasion de la visite du Président nigérian Muhammadu Buhari au Cameroun qui doit s’achever ce jeudi. Le calendrier de la mise en place de cette mission panafricaine est encore flou.
La lutte contre Boko Haram est le sujet principal évoqué entre le Président camerounais Paul Biya et son homologue nigérian, Muhammadu Buhari, en visite à Yaoundé depuis mercredi. Accueilli avec faste dans la capitale du Cameroun, le chef d’Etat nouvellement élu va tenter d’assumer son rôle de leader régional contre le secte islamiste.
Depuis son élection, les attentats se multiplient au Nigeria où plus de 700 personnes ont trouvé la mort, depuis le 29 mars dernier. Entre le 12 et le 25 juillet, les attaques de Boko Haram ont tué une soixantaine dans l’extrême-nord du pays, notamment à Maroua, victime de trois attentats-suicides en trois jours.
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Le général Iliya Abbah à la tête de la force africaine
La Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF) composée de 8 700 soldats des pays de la zone, est présentée comme une étape décisive dans la lutte contre le groupe rebelle. Alors qu’elle devait être mise en place avant le 20 juillet, puis finalement avant la fin de ce même mois, le retard s’accumule. Le porte-parole de l’armée nigériane, Chris Olukolade, a annoncé, ce jeudi 30 juillet 2015, la nomination à la tête de la mission du général Iliya Abbah, précédemment en charge des opérations dans le delta du Niger.
Composée d’effectifs nigérian, béninois, nigérien, camerounais et tchadien, elle doit remplacer la précédente coalition mise en place, fin 2014, qui n’a pas réussi à empêcher les attaques de Boko Haram malgré des victoires importantes. La mission doit permettre un renforcement décisif de la coordination entre les forces armées de chaque pays. Le financement de cette force ainsi que son mode de commandement sont les deux problèmes majeurs sur lesquels les négociations ont accumulé un retard conséquent. Le porte-parole de l’armée nigériane a annoncé que le déploiement de la force multinationale devait intervenir d’ici maximum un mois.
Près de 1 600 km de frontières communes
« Nous ne pouvons pas laisser cette gangrène prospérer. Nous devons mutualiser nos moyens, conjuguer nos forces, partager nos expériences », a indiqué le Président Paul Biya, à l’occasion du dîner de gala en l’honneur de son homologue nigérian, au palais de l’Unité, mercredi. L’entretien entre les deux hommes, qui avait précédé, avait duré près d’une heure et demie.
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Jusqu’à présent la coopération entre le Cameroun et le Nigeria avait été difficile, malgré la mise en place de patrouilles mixtes à leur frontière commune, de près de 1600 kilomètres de long, depuis 2013. Les soldats camerounais avaient notamment l’interdiction de poursuivre les combattants de Boko Haram en territoire nigérian. Les protagonistes sont dorénavant décidés à mutualiser leurs efforts. C’est dans ce contexte qu’une réunion au palais présidentiel a rassemblé les gouverneurs des cinq Etats du nord-est du Nigeria et ceux des régions du nord, anglophones, du Cameroun.
Le chef d’Etat du Nigeria semble décidé à donner l’impulsion décisive à la mise en place de la force multinationale conjointe, notamment en orientant ses premières visites d’Etat, en tant que Président, au Niger et au Tchad, alors qu’il doit se rendre, samedi prochain, au Bénin.