Blinken en Éthiopie : vers une normalisation entre Washington et Addis-Abeba ?


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Antony Blinken, secrétaire d’État américain
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken

Depuis mardi soir, Anthony Blinken a foulé le sol éthiopien. Le chef de la diplomatie américaine devra rencontrer le Premier ministre, Abiy Ahmed, avant de joindre le Niger.

Il est le plus haut responsable américain à se rendre en Éthiopie depuis le déclenchement de la guerre entre Addis-Abeba et le Tigré, en novembre 2020. Le diplomate américain vient réchauffer les liens qui se sont beaucoup distendus entre les deux pays, en raison du conflit. Le 1er janvier 2022 par exemple, les États-Unis ont décidé d’exclure l’Éthiopie de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un programme offrant beaucoup de facilités commerciales à des pays africains dans leurs échanges avec les États-Unis et qui se traduit par des réductions de taxes à l’importation. Le gouvernement américain n’a, en effet, jamais cessé de reprocher à son allié éthiopien les nombreuses exactions et violations des droits humains perpétrées par Addis-Abeba et ses alliés dans le cadre du conflit meurtrier avec le Tigré.

Une normalisation soumises à des conditions

Maintenant que la paix est revenue avec la signature de l’accord de Pretoria du 2 novembre 2022 pour lequel les États-Unis ont joué un grand rôle, il faut bien renouer les liens et apporter tout le soutien possible à l’accord. Mais sur le chantier de la reprise de la bonne coopération entre les États-Unis et l’Éthiopie, les choses ne sont pas aussi simples. C’est ce qui ressort des propos de Molly Phee, secrétaire d’État américaine adjointe chargée de l’Afrique qui fait observer que les relations entre les deux pays ne sont pas encore prêtes pour « revenir à la normale ». Selon la diplomate, il faut d’abord que le gouvernement éthiopien prenne les mesures « permettant de briser le cycle de violences ethnico-politiques ».

Mais l’administration américaine n’ignore pas que le jeu des alliances évolue vite sur le continent avec les offensives chinoises et russes qui cherchent à damer le pion aux Occidentaux. Après l’Éthiopie, le chef de la diplomatie américaine doit se rendre au Niger. Tout ceci avant le passage de la Vice-présidente américaine, Kamala Harris, au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, fin mars.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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