Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso, en visite lundi en Guinée a proposé à la junte et à l’opposition de se rencontrer à Ouagadougou. Les deux parties sont d’accord pour se rencontrer mais aucune date n’est pour l’heure fixée.
« Il faut aller à une table, poser vos problèmes, en débattre avec ceux d’en face. C’est ce que je suis venu proposer au CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte au pouvoir en Guinée) et aux forces politiques », a déclaré le président Blaise Compaoré lundi à Conakry. Le chef de l’Etat burkinabè a été désigné médiateur par ses pairs de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la crise guinéenne. Blaise Compaoré a proposé à la junte et à l’opposition de se rencontrer prochainement à Ouagadougou. Depuis le massacre de civils le 28 septembre dernier, la tension dans ce pays est montée d’un cran. « Nous ne devons pas tolérer qu’il y ait en Guinée des suspicions sur des personnes arrêtées le 28 septembre, des discussions sur des personnes disparues dont on ne retrouve pas les corps. Ce n’est pas en se tirant dessus qu’on peut aller à des élections », a insisté lundi le médiateur burkinabè.
Les élections compromises ?
La junte, tout comme l’opposition, est d’accord avec la proposition du médiateur. Idrissa Cherif, le conseiller spécial du président guinéen Moussa Dadis Camara, a assuré « qu’il y aurait une rencontre à Ouagadougou », même si « aucune date n’(a) été fixée ».
Du côté de l’opposition, l’ancien Premier ministre Sydia Touré a annoncé qu’une rencontre se tiendrait « très rapidement, dans les jours qui viennent ». En prélude à ces éventuels pourparlers, les représentants des Forces vives – partis politiques d’opposition, syndicats, société civile – ont remis à Blaise Compaoré « un long mémorandum » énumérant leurs exigences. Ils réclament notamment « le départ du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNND, parti de la junte) et l’ « installation d’un gouvernement civil pour conduire la transition » et organiser le scrutin présidentiel prévu en janvier 2010. En dépit de la tension politique ambiante, le Capitaine Dadis Camara s’est montré vendredi dernier, confiant quant à la tenue d’élections présidentielles « libres et équitables » conformément au calendrier annoncé.
« C’est une mission presque impossible pour Compaoré »
La médiation dans laquelle s’est engagé le président burkinabé s’avère délicate selon les observateurs. « C’est une mission presque impossible pour Compaoré », a jugé lundi le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddoh), Alioune Tine. Plutôt qu’une médiation, « il faut demander d’arrêter les responsables » du massacre du 28 septembre.
La communauté internationale espère pourtant une sortie de crise rapide en Guinée. Le chef de la diplomatie française avait déclaré ce lundi que Paris « ne pouvait plus travailler avec Dadis Camara ». Des propos vivement critiqués par le chef de la junte. « Kouchner n’est que le ministre des Affaires étrangères de la France. J’ai à dialoguer avec mon frère, le respecté président Sarkozy. Lorsque le président Sarkozy prend une position, ça peut me laisser à réfléchir, mais je n’ai pas besoin de répondre au ministre des Affaires étrangères », a déclaré, lundi, énervé, Dadis Camara. Il a également critiqué l’ingérence de la France dans la crise politique que connait son pays. La Guinée n’est « pas une sous-préfecture, pas un arrondissement de la France ni d’aucune puissance », a fait valoir le chef de la junte.