Après le meurtre de l’Afro-Américain, Georges Floyd, le monde assiste à une flambée de manifestations des Africains de la diaspora. Des manifestants, qui, au-delà de l’indignation contre la brutalité policière, protestent aussi contre les inégalités raciales et d’autres meurtres de Noirs comme en France avec celui de Adama Traoré ou encore Martin Trayvon aux Etats-Unis. Des villes entières sont prises d’assaut par des manifestants, bravant les restrictions sanitaires et brandissant des banderoles sur lesquelles on peut lire « Black Lives Matter » en Français « la vie des Noirs compte » ou encore « Je ne peux pas respirer ».
Face à cette mobilisation, témoignant l’élan de solidarité existant entre les Noirs de la diaspora et le souci de redorer leur image, ternie par les stéréotypes, les préjugés et les discriminations raciales, certains observateurs restent impatients d’assister à la même mobilisation de cette communauté face aux meurtres perpétrés contre leurs frères dans plusieurs pays en Afrique.
Des chiffres alarmants !
A en croire le rapport de la Mission onusienne en Lybie, au moins 284 civils ont été tués et 363 blessés au cours de l’année 2019, des chiffres qui ne représentent même pas la moitié des tueries en RDC, entre juin 2017 et juin 2019. Selon le Baromètre sécuritaire du Kivu, 1 900 civils ont été tués et 3 300 autres enlevés par les groupes armés opérationnels dans la façade Est de ce pays d’Afrique Centrale. Le même cri d’alarme est entendu aussi au Nigeria, en Afrique de l’Ouest, où Amnesty International a alerté, en 2015, sur le meurtre d’au moins 2 000 civils par Boko Haram à Baga, dans la partie nord-ouest de ce pays.
Pour sa part, Early Warning Project, piloté par le Holocaust Memorial Museum des Etats-Unis a, dans son rapport, alerté sur les risques de tueries de masse, en 2019 – 2020, au Soudan du Sud, en RDC, en Libye, au Congo, au Cameroun, au Soudan, en Egypte, en Angola, en Ethiopie et en Somalie, des pays en proie aux conflits intercommunautaires et aux guerres à répétition.
Qu’attend la diaspora pour se mobiliser contre ces tueries ?
En effet, les rapports cités, avec des chiffres à l’appui mettent à nu, d’un côté, la passivité de certains gouvernements africains face à la montée des tueries et à l’activisme des groupes armés dans leurs pays ; et de l’autre côté autre, l’inaction de ses citoyens, vivant en Afrique ou ceux de la diaspora, assistant à ces atrocités, alors qu’ils sont capables de faire pression sur les décideurs et lutter ainsi contre cette destruction du tissu social.
A ce jour, face à ces maux qui rongent le continent, seuls les acteurs de la société civile, les membres des mouvements citoyens ( Lucha , Y ‘en a marre , Balai Citoyen , Filimbi …) , les musiciens (Tiken Jah Fakoli , Didier Awadi , Bob Elvis …) contribuent à la révolution des mentalités des peuples africains. Manque d’attachement aux questions relatives aux tueries en Afrique, réticence favorisée par les enjeux diplomatiques ou attente d’un premier pas de leurs frères sur le continent ? Rien n’est moins sûr.
Ainsi, le moins que l’on puisse dire est que, si les manifestations contre les inégalités raciales et les violences policières aux Etats-Unis et en France font échos, en Afrique, des observateurs attendent impatiemment la même mobilisation de la diaspora pour dire « non » aux tueries et à d’autres formes de violations des droits de l’Homme observées sur le continent, depuis plusieurs décennies.