En quittant son Kumasi natal, dans les années 1992, avec plus de 3 700 dollars en poche, Bismarck Osei Yaw, jeune footballeur talentueux à l’époque, n’avait qu’un seul rêve en tête : rejoindre l’Europe, afin d’aller monnayer son talent. Il voulait partir jouer à Lille, l’ancien club de la légende ghanéenne Abedi Ayew Pelé, mais le destin en a décidé autrement. Il est aujourd’hui devenu un maître dans l’art du tissage des chaises, lits, mais également menuisier métallique à Dakar, au Sénégal, où il s’est finalement marié depuis 2015, pour fonder un foyer.
Si Bismarck Osei Yaw, jeune footballeur talentueux à l’époque, rêvait de suivre les traces de son idole Abedi Ayew Pelé, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Après avoir tenté, avec un de ses frères résidant aux États-Unis, de rejoindre l’Europe, il finit par se décider de prendre le chemin de l’aventure pour faire de son rêve une réalité. Il rejoint ainsi le Mali et plus précisément Bamako où il s’entraînait avec le Stade malien. C’est au cours de son séjour dans la capitale malienne qu’il va faire la connaissance du Président Fall de l’US Rail de Thiès, qui lui demande de venir au Sénégal, afin de multiplier ses chances de pouvoir aller en Europe.
Bismarck Osei Yaw rejoint ainsi le Sénégal et joue successivement à l’US Rail de Thiès et au Jaraaf de Dakar. Malgré son énorme talent, le très virevoltant numéro 1 qu’il était, renonce finalement à son rêve de devenir footballeur professionnel et embrasse le métier de tissage des chaises, qu’il maîtrisait déjà à la perfection depuis son pays natal, le Ghana. « J’ai quitté le Ghana pour Bamako, pour jouer au football. Par la suite, je suis venu au Sénégal, après un match d’entraînement avec l’US Rail. Le Président Fall m’a ainsi fait venir ici au Sénégal. J’ai joué dans l’équipe US Rail de Thiès puis au Jaraaf. Par la suite, j’ai abandonné le football, car je me disais que je n’avais plus aucune chance de percer dans ce métier. J’ai alors décidé de me lancer dans le tissage, en 1995 », raconte-t-il.
Bismarck Osei Yaw va plus tard se marier avec une Sénégalaise du nom d’Adama Thiam, avec qui ils ont aujourd’hui 5 enfants, dont la première Fatou Osei, une joueuse de basket à l’ASC Bopp de Dakar. Son amour pour, le tissage est sans pareil. Il parle de son art avec une grosse fierté. « Je connais bien le tissage des moquettes marocaines, mais c’est quelque chose qui ne marche pas à Dakar. J’avais plus de 3 700 dollars sur moi en quittant le Ghana. Ce n’était pas un problème d’argent, mais je voulais quelque chose que je n’avais pas. Maintenant, je m’en sors très bien avec ce travail, mais les débuts n’ont pas été du tout facile. À l’époque 1 dollar c’était à 750 FCFA et j’ai échangé tout mon argent jusqu’à ce qu’il ne me restait plus que 60 000 FCFA. Mais, j’ai attaché ma ceinture et Dieu m’a beaucoup aidé jusqu’à aujourd’hui », se réjouit-il, puisqu’il parvient à prendre soin de sa petite famille à Dakar et envoyé 50 000 FCFA, à chaque fin de mois, respectivement à sa mère et à son père, qui sont toujours au Ghana.
Aujourd’hui âgé de 47 ans (né en 1975), Bismarck Osei Yaw, également soudeur métallique, reconnaît que les choses ne sont pas toujours faciles. Surtout qu’il est souvent victime d’escroquerie au Sénégal. « Je crée tous mes motifs. Il m’arrive même de rêver de mes designs. Il m’arrive d’avoir de grosses commandes. Une fois, je me suis fait escroquer à hauteur de 5 millions FCFA par un Sénégalais résidant en France du nom de Michel Dior. Il m’a pris beaucoup d’argent ce monsieur-là. En fait, il m’a commandé un travail et j’ai livré la marchandise sans être payé. Je m’en remets à Dieu », se plaint Bismarck Osei Yaw, qui a des ateliers à Castor et Malika où il initie de jeunes Sénégalais au métier de tissage de chaises et de lits pliants.