Ibrahim Gambari, le secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a terminé ce mardi sa mission en Birmanie après avoir rencontré le général en chef Than Shwe, leader de la junte militaire qui dirige le pays depuis 1962. Le diplomate nigérian qui suit de près le dossier birman n’a obtenu aucune garantie particulière concernant la fin des répressions dans un pays qui a manifesté ces deux derniers mois son désir de démocratie.
Ibrahim Gambari, l’envoyé spécial des Nations unies au Myanmar, a rencontré mardi pendant près d’une heure le chef d’Etat birman, le général en chef Than Shwe, à Naypyidaw, la capitale administrative. Après quatre jours de présence sur le sol birman, le diplomate nigérian a pu enfin rentrer en contact avec la junte militaire pour plaider en faveur de la fin des répressions. Notamment celles qui ont fait suite aux manifestations d’août et septembre. Dans sa tentative de conciliation, Ibrahim Gambari a aussi rencontré à deux reprises l’opposante et prix Nobel de la paix Daw Aung San Suu Kyi, maintenue en résidence surveillée par le régime birman. Régime auprès de qui il s’est fait porteur d’un message de la candidate victorieuse des élections organisées en 1990 et dont les résultats ont été annulés par le pouvoir militaire de Rangoun. Sur l’invitation des autorités birmanes, l’émissaire onusien devrait retourner dans un mois au Myanmar.
Une mission délicate
La médiation onusienne est loin d’avoir fait cesser les répressions qui continuent encore au Myanmar, rebaptisé Birmanie par les militaires en 1962. D’après la radio-télévision belge, deux cents moines bouddhistes ont été libérés ce mercredi par le régime mais de nouvelles interpellations ont été faites durant la nuit précédente et la journée d’aujourd’hui. Le 25 septembre dernier, les autoritaires birmanes ont mis fin dans la violence à la vague de manifestations pacifiques, portés par les bonzes, qui ont eu lieu dans tout le pays. Selon Amnesty International, dans une déclaration faite mardi, lors de la session spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, « les forces de sécurité ont effectué des arrestations massives, (…) procédé à des tirs de sommation et utilisé matraques et gaz lacrymogène afin de disperser des manifestants pacifiques, y compris dans l’enceinte de monastères » Des balles réelles ont été également tirées sur les manifestants qui prenaient la fuite ou sur de simples passants. L’organisation de défense des droits de l’homme a dit craindre que « le bilan réel ne soit bien supérieur aux neuf morts dont la presse officielle a fait état ». Elle estime « qu’au moins 1 000 personnes ont été interpellées dans la seule ville de Rangoun ».
En tant que secrétaire général adjoint aux affaires politiques depuis juillet 2005, Ibrahim Agboola Gambari, 53 ans, connaît bien le dossier birman. Le département qu’il dirige a pour mission « d’agir à toutes les étapes, de la prévention des conflits au rétablissement de la paix, à la consolidation de la paix après conflit ». A ce titre, le Myanmar est l’un des pays où le diplomate nigérian fournit ses bons offices. M. Gambari appartient au secrétariat des Nations unies depuis 1999. Au sein des Nations unies, il été conseiller spécial des Nations Unies pour l’Afrique de Kofi Annan et présidé, entre autres, le Comité spécial de l’ONU contre l’Apartheid. Auparavant, il a été représentant permanent du Nigeria auprès des Nations unies (1990-1999), ministre des Affaires étrangères (1983-1985) et directeur général de l’Institut nigérian des affaires internationales (1983).
L’émissaire onusien devrait rendre son rapport cette semaine sur la Birmanie à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies. Mardi, le Conseil des droits de l’homme a condamné les récentes violences, et l’Union européenne a décidé ce mercredi de renforcer les sanctions contre la Birmanie.