Bienvenue dans l’Autre monde


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Merzak Allouache montre la face cachée, pressentie mais jamais vue, de la sale guerre. Il signe avec  » L’Autre monde  » un film intelligent, sensible et saisissant sur la nouvelle guerre d’Algérie. Marie Brahimi, l’actrice principale, élargit les horizons par un jeu retenu et épanoui à la fois. L’amour en temps de guerre est possible.

Ce n’est pas de la fiction, c’est de la poésie. Une poésie percutante. Le film est mené tambour battant, ne laissant aucun moment de répit. L’Autre monde est une porte ouverte sur l’incompréhension. Merzak Allouache a choisi de revoir son pays à travers Yasmine, admirablement interprétée par Marie Brahimi, une Parisienne qui veut retrouver son fiancé, parti faire la guerre aux terroristes. Le regard de Merzak Allouache est tumultueux, frénétique. Il a trouvé la note juste. De la même veine que son premier film, « Omar Gatlato ». L’Autre monde est cet univers invisible que Yasmine fait découvrir aux spectateurs. Un monde que la raison a quitté. Un monde d’où l’on ne revient pas.

Le choix des acteurs est plus que judicieux. Les seconds rôles ont une épaisseur qui donne au film une nouvelle dimension. On est collé à son siège du début à la fin, tremblant pour les dévergondées du désert ou rigolant comme des baleines le long de la route de Médéa.

Yasmine cherche Rachid

De Créteil à Timimoun. Yasmina débarque à Alger en hidjab. Elle voulait passer inaperçue. Seulement, Alger n’est pas Kaboul et la cousine qui la reçoit vit  » normalement « , à l’européenne. Elle quitte très vite la capitale pour Médéa, ville oubliée des Dieux. Son fiancé a disparu suite à une attaque terroriste qui a fait 20 morts parmi les soldats. Comment survivre après le massacre ?

Voyage initiatique. C’est la première fois qu’on voit sur l’écran un faux barrage. Le résultat est impressionnant. D’autant plus qu’une seconde auparavant, c’était hilarant. Le décor change. Il devient oppressant. Une étrange relation se noue entre Yasmine et un terroriste. La scène de Yasmine sous la tente de l’émir local est inoubliable. Marie Brahimi incarne à la perfection ce moment fatidique où la victime, dépassée par la monstruosité de ses bourreaux, est prise de convulsions, attend d’être  » consommée « . Agneau et boucher. Timimoun, tombeau et linceul. Timimoun, terminus. On repart pour le même voyage.

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