Il joue de plusieurs instruments et chante en différentes langues. Le Centrafricain Bibi Tanga, surdoué autodidacte, propose à travers son premier album « Le vent qui souffle » un nouveau genre nourri d’une culture musicale éclatée. Il nous raconte sa musique, il nous raconte la musique : une approche généreuse, instinctive et dynamique.
Afrik : Votre premier album, « Le vent qui souffle » est un mélange qui se nourrit de diverses influences. Comment définiriez-vous votre musique ?
Bibi Tanga : Pour moi, il s’agit de Bluesypop, parce qu’il y a un sentiment blues dans l’esprit des paroles et dans les notes, et hip hop à cause du rythme des phrases et de la syncope qu’il y a dans la batterie.
Afrik : Et l’homme, qui est-il ?
BT : Pour moi, la musique est un moyen pour m’en sortir. Chacun dans la vie utilise ses armes, moi c’est celle là (nous montrant sa guitare basse). Je me considère simplement comme un musicien qui essaie de faire son métier.
Afrik : En tant que musicien, vous êtes un autodidacte, vous maîtrisez même plusieurs instruments. Comment avez vous appris ?
BT : C’est vrai que je suis un autodidacte, je joue du saxo, de la clarinette, de la batterie et de la basse. J’ai appris en fait avec les musiciens que j’ai pu rencontrer, comme Dany’o entre autres (bassiste du groupe Malka Family).
Afrik : D’accord pour les instruments, mais vous chantez également en plusieurs langues.
BT : Oui, je chante en anglais, en espagnol, en français évidemment mais aussi en sango, ma langue natale. Je suis né à Bangui, en Centrafrique.
Afrik : Sur scène, avec l’absence par exemple de la section cuivre, on remarque que ce n’est pas la même formation que sur l’album. N’est-ce pas un peu gênant ?
BT : Un album, c’est une finalité, comme un livre que l’on doit écrire et terminer. Mais après, la vie du musicien continue. Ce sont des rencontres, des gens avec qui jouer, des gens avec qui tu as envie de jouer, avec qui tu puisses trouver la vibe. En studio, c’est autre chose, tout est quadrillé.
Afrik : Vous habitez en banlieue parisienne, patrie du rap et du R’n B, mais votre musique semble un peu en marge des productions actuelles. Vous sentez-vous l’âme d’un franc tireur ?
BT : Je suis peut-être en marge dans la forme, mais dans le fond c’est la même chose. On vit aujourd’hui dans une culture de forme. Chacun choisit la forme avec laquelle il a envie d’avancer. Pour ma part, c’est celle du bluesypop qui me convient le mieux.
Afrik : Le bluesypop a été façonné par une certaine culture musicale, quelle est-elle ?
BT : J’écoute beaucoup de musiques africaines, du jazz, de la funk comme par exemple Sly and the Family Stone ou l’incontournable James Brown. En ce qui concerne la France, j’écoute Brassens qui est un remarquable parolier et en rap, j’aime bien des groupes comme le Saïn Supa Crew. Bref, j’écoute pas mal de choses. A partir du moment où c’est bien fait, où on sent l’émotion des artistes dans leur musique, on ne peut qu’aimer ce qu’ils font.
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