Le quartier La Négresse à Biarritz, Sud-Ouest de la France, suscite la controverse. Entre histoire et réalité sociale, cette polémique, qui dure depuis plusieurs années, devrait voir son terme à la fin de cette année. Elle met en lumière la nécessité de reconsidérer les noms qui peuvent perpétuer les stéréotypes ou les souvenirs douloureux de l’histoire.
Origine et contexte historique
L’origine du nom « La Négresse » reste floue. Une des hypothèses la plus répandue raconte l’histoire d’une femme noire, peut-être esclave ou affranchie, qui aurait vécu dans le quartier au XVIIIe siècle. Elle travaillait dans une auberge du quartier qui a pris son nom. Cette version évoque directement les liens douloureux avec l’ère de l’esclavage et le colonialisme français, bien que la ville de Biarritz, contrairement à Bordeau ou Nantes n’ait pas été un site majeur pour l’esclavage. Pour autant, une vingtaine de navire et quelques 5 000 esclaves sont passés par la Côte Basque. L’autre explication, se référant à la couleur noire des falaises, est moins documentée.
French district of Biarritz (France) carrying the derogatory/outrageous name « La Négresse. » Cc: @MariannesNoires pic.twitter.com/xPqtSUlSVw
— Ana Lucia Araujo, PhD (@araujohistorian) October 12, 2020
Mouvement pour le changement
La demande pour un changement de nom s’inscrit dans un contexte de prise de conscience croissante quant à l’impact des symboles historiques. En 2015, une initiative menée par une enseignante a donné de la visibilité à cette cause, rassemblant plus de 10 000 signatures pour une pétition. Des figures comme Alain Jakubowicz, président de la Licra, ont qualifié le nom de « discriminatoire » et « inacceptable », reflétant un sentiment croissant que de tels noms ne sont plus appropriés dans une société qui aspire à l’égalité et au respect mutuel.
L’association Mémoires et Partages a initié une action en justice pour changer le nom. L’audience se tiendra, jeudi 7 décembre 2023, trois ans après le dépôt du recours contre le nom de « La Négresse » donné à un quartier, une voie communale et plusieurs établissements de la ville de Biarritz. C’est le deuxième acte du procès de « La Négresse » au Tribunal administratif de Pau. Pourtant, depuis, plusieurs lieux du quartier, comme un arrêt de bus ou la pharmacie, ont déjà retiré le terme de Négresse de leur nom.
Ceux qui soutiennent le changement du nom mettent en avant l’importance du respect et de la modernité, soulignant qu’un nom peut perpétuer la mémoire de l’injustice. Ils voient dans le changement de nom une étape vers la reconnaissance des erreurs du passé et la réparation symbolique des préjudices historiques. Ce mouvement s’inscrit dans la même lignée que les changements de dénomination de rues portant les noms d’esclavagistes ou le déboulonnement des statues.
Réponse de la Mairie et perspectives
La mairie de Biarritz, bien que se déclarant « ouverte au dialogue », n’a pas encore pris de décision définitive. Cette hésitation est une réticence à affronter pleinement les implications d’un passé douloureux. Cependant, la continuité du débat et la pression croissante de la société civile devrait mener à un changement inévitable. Ce serait le reflet d’une évolution des mentalités et un engagement envers une société plus inclusive et respectueuse.
La décision du tribunal de Pau devra prendre en compte l’ensemble de ces éléments. Ainsi, le quartier La Négresse se trouve à un point critique.