Pour la troisième fois en un an, Nacer Kettane annonce le lancement de Beur TV. Cette fois, c’est sûr, la chaîne de la diaspora arabe verra le jour en octobre 2002. Retour sur les étapes d’un ambitieux projet.
Nacer Kettane affiche un sourire fatigué. Il revient à peine d’une tournée en Algérie où il a écumé les interviews et les conférences de presse. Cette fois-ci, c’est la bonne, et il l’a fait savoir : Beur TV diffusera dès le 1er octobre 2002. L’effet d’annonce perd un peu de sa force pour ceux qui se souviennent que la chaîne aurait dû émettre au début de l’année, avant d’être annoncée pour mai 2002. Mais le président de Beur FM n’est pas homme à se laisser abattre. Malgré les retards et les difficultés, il compte bien être le premier à ouvrir une chaîne par et pour les Arabes de France, d’Algérie, du Maroc et de Tunisie. Un média fédérateur qui devrait couvrir un marché de 74 millions téléspectateurs tout autour de la Méditerranée. Interview.
Afrik : A quelles difficultés avez-vous été confronté pour mettre en place Beur TV ?
Nacer Kettane : Ca fait quatre ans qu’on est dessus. Il a d’abord fallu monter des enquêtes pour valider la pertinence de cette chaîne maghrébine. Ensuite, on a travaillé près d’un an et demi avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour conventionner la chaîne. Nous avons dû asseoir notre légitimité : mettre en avant l’expérience de Beur FM pour rendre le projet crédible.
Afrik : Quel sera l’esprit de la chaîne ? Est-ce que vous vous êtes inspiré de Beur FM ?
Nacer Kettane : Oui, largement. Ce sera une chaîne moderne, généraliste et en prise directe avec la vie des Maghrébins de France et d’ailleurs. Nous voulons instaurer un rapport citoyen à la société. Il y aura des journaux quotidiens, des reportages, des tables rondes, des talk-show sur des sujets d’actualité…Ce sera une chaîne fédératrice et l’élément fédérateur en sera le français. Même s’il y a quelques émissions en arabe ou en berbère.
Afrik : Beur TV, ça représente un capital de départ de combien ?
Nacer Kettane :Le budget de base est de 4 millions d’euros. Mais, à terme, le budget idéal – mettons, au bout d’un an – serait de 7 millions. Pendant les 6 premiers mois, nous prévoyons d’émettre entre 17h30 et minuit et de faire tourner les programmes en boucle le reste du temps. Au vu des résultats, nous élargirons notre créneau : d’abord sur une tranche de midi à minuit et puis, si tout se passe bien, on devrait émettre en continu au bout d’un an. La chaîne ne sera pas payante par contre : elle sera diffusée en clair et par satellite sur Hot Bird 13°0 Est.
Afrik : Vous avez eu du mal à trouver des partenaires ?
Nacer Kettane : Oui et non… Tout le monde est emballé par le projet, mais dès qu’il s’agit de mettre la main à la poche… Ca a été une des raisons du retard du lancement. Le 11 septembre a été un gros coup dur sur ce plan-là. Actuellement nous sommes associés entre autres avec la Banque populaire, Universal multimédia, et un grand groupe audiovisuel dont nous ne pouvons pour le moment révéler le nom.
Afrik : Croyez-vous que Beur TV pourrait avoir un effet subversif dans certains pays du Maghreb ?
Nacer Kettane : Il y aura des débats très variés. Mais nous ne serons que le reflet des débats qui existent déjà à l’intérieur de ces pays.