Le Bénin a promulgué une loi historique permettant aux Afro-descendants de déportés d’acquérir la nationalité béninoise, rétablissant ainsi des liens séculaires brisés.
Le 2 septembre dernier, une loi historique a été promulguée au Bénin, offrant une chance unique aux Afro-descendants de déportés de renouer officiellement avec leur terre d’origine. En permettant à ces descendants d’obtenir la nationalité béninoise, cette initiative du gouvernement de Patrice Talon s’inscrit dans une démarche de reconnaissance des traumatismes causés par la traite négrière. Cependant, cette main tendue ne fait pas l’unanimité, suscitant à la fois enthousiasme et préoccupations parmi la population béninoise.
Un pont entre le passé et le présent
La loi promulguée permet à toute personne ayant des ancêtres déportés lors de la traite des Noirs d’acquérir la nationalité béninoise. Cette mesure va au-delà des simples formalités administratives. Elle reconnaît les blessures laissées par la traite négrière et répond à une quête d’identité ressentie par de nombreux Afro-descendants à travers le monde.
Pour beaucoup, comme Lilith Dorsey, une Américaine vivant en Louisiane, c’est une opportunité de « se sentir plus proche de sa terre d’origine« . Ce retour aux racines pourrait être la réponse à un besoin viscéral de rétablir un lien brisé il y a plusieurs siècles.
Les critères de naturalisation : une démarche rigoureuse
Pour être éligible à la nationalité béninoise, les demandeurs doivent prouver leur ascendance africaine via des témoignages, des documents d’état civil, ou encore des tests ADN. Une fois cette première étape franchie, les nouveaux citoyens bénéficient d’un droit provisoire de trois ans, sous réserve d’un séjour au Bénin. La naturalisation n’est toutefois pas automatique, et une série de critères de moralité, tels que l’absence de condamnation pour crimes graves, doit être respectée pour éviter une déchéance de nationalité.
Un accueil partagé au Bénin
Alors que la loi suscite l’enthousiasme chez les Afro-descendants, elle ne fait pas l’unanimité parmi les Béninois. Si certains, comme Séraphin Adjagboni, y voient une chance de rétablir un équilibre et d’enrichir le pays de ses frères et sœurs dispersés à travers le monde, d’autres expriment des craintes. Noël Sintondji, un jeune étudiant, s’inquiète des répercussions sur le marché de l’emploi et la sécurité, redoutant une compétition accrue et une culture des armes introduite par des citoyens américains.
Une opportunité diplomatique et économique
Cette loi n’est pas seulement un acte symbolique pour le Bénin. Elle permet aussi au pays de renforcer ses liens avec la diaspora afro-descendante à travers le monde et de positionner le Bénin comme une terre d’accueil pour les descendants de déportés.
Nadège Anelka, une Martiniquaise qui a récemment acquis la nationalité béninoise, y voit « une opportunité pour le Bénin de se montrer solidaire envers les Afro-descendants et de renforcer sa visibilité sur la scène internationale« . En plus de renforcer les liens affectifs et culturels, cette initiative pourrait aussi avoir un impact économique, avec le potentiel d’attirer des investissements et de favoriser le tourisme mémoriel.