La rencontre de ce lundi entre Patrice Talon et Boni Yayi était, comme celle de 2021, celle de toutes les promesses et de tous les espoirs. Sur l’essentiel de l’objectif de la réunion, c’est-à-dire la question du fichier électoral, les deux camps peuvent se sentir satisfaits. C’est sur la question des détenus et exilés politiques inscrite dans l’agenda par Les Démocrates qu’il n’y a pas eu accord.
Sur invitation du président de la République, Patrice Talon, Boni Yayi, le président du principal parti d’opposition, Les Démocrates, et trois de ses lieutenants – son premier vice-président, Éric Houndété, son deuxième vice-président, Léon Ahossi, et le président du groupe parlementaire Les Démocrates à l’Assemblée nationale, Nourénou Atchadé – se sont rendus au palais de la Marina, dans l’après-midi de ce lundi. La rencontre s’est tenue en deux temps. Il y a d’abord eu un tête-à-tête entre Patrice Talon et son prédécesseur, puis une discussion élargie aux autres membres de la délégation des Démocrates ainsi qu’à des membres du gouvernement.
Vers un audit du fichier électoral
Au cœur des échanges entre les deux parties, la question du fichier électoral au sujet duquel Boni Yayi a lancé un appel international, il y a tout juste quelques jours. « En ma qualité d’ancien Président du Bénin, président du parti d’opposition Les Démocrates, je viens d’adresser une requête à l’Union Africaine, la CEDEAO, les partenaires bilatéraux et aux autres partenaires de la communauté internationale les invitant à diligenter au Bénin une mission pour s’enquérir du cadre institutionnel mis en place par le Président Talon dans la perspective des élections générales de 2026 », écrivait Boni Yayi sur sa page Facebook, le 10 novembre 2023. Et d’insister sur le caractère non inclusif de ce cadre : « J’ai informé cette communauté internationale que ce cadre n’est pas inclusif du fait de l’absence des représentants de l’opposition dans les instances chargées d’organiser les prochaines élections municipales, communales, législatives et présidentielles, dans presque 2 ans ».
Sur cette question, les informations que nous avons réussi à glaner font état de ce que le Président Patrice Talon a accepté l’idée d’un audit du fichier électoral.
L’intransigeance de Patrice Talon sur le cas Reckya Madougou
Bien que convoquée pour discuter du cadre institutionnel mis en place pour les prochaines élections générales, la séance de travail a permis de discuter de bien d’autres sujets d’importance non négligeable aux yeux des Démocrates. Il y a par exemple les difficultés des agriculteurs et des jeunes sans-emploi, la question des déguerpissements dans les principales villes, et bien sûr, le problème des détenus et autres exilés politiques. Sur la question précise des détenus politiques, particulièrement le cas Reckya Madougou, les instances de Boni Yayi auprès de son successeur et ancien ami n’ont eu aucun écho favorable de la part de ce dernier. Pas même la demande de pardon de Boni Yayi pour Reckya Madougou. Patrice Talon a été catégorique : pas de grâce présidentielle pour l’ancienne garde des Sceaux, selon des informations rapportées par Bip Radio, une radio émettant de Cotonou.
Candidate recalée à la Présidentielle de 2021, Reckya Madougou a été arrêtée quelques semaines avant le scrutin. Accusée de « financement du terrorisme », elle a été condamnée à 20 ans de prison ferme et purge, depuis, sa peine à la prison civile d’Akpro-Missérété, une localité voisine de la capitale politique du Bénin, Porto-Novo. L’autre grosse pointure incarcérée est le professeur Joël Aïvo condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour « complot contre la sûreté de l’État » et « blanchiment de capitaux ».