Bénin, procès d’Olivier Boko, d’Oswald Homeky et cie : entre tensions et report


Lecture 3 min.
Olivier Boko (à gauche) et Oswald Homeky (à droire)
Olivier Boko (à gauche) et Oswald Homeky (à droire)

Le procès de l’homme d’affaires Oliver Boko, de l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky et leurs co-accusés a débuté ce mardi. Après quelques heures d’échanges houleux entre le ministère public et les avocats de la défense, l’audience a été reportée à demain mercredi. À la suite du retrait des avocats de la défense du dossier.

Le procès d’Olivier Boko, homme d’affaires influent et ancien proche du président Patrice Talon, ainsi que celui de l’ex-ministre des Sports, Oswald Homeky, a débuté ce mardi 21 janvier 2025 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Accusés de complot contre l’autorité de l’État aux côtés de quatre autres prévenus, leur procès s’est déroulé dans un climat électrique avant d’être renvoyé.

Une audience sous haute tension

Dès l’ouverture, Olivier Boko, Oswald Homeky et leurs co-accusés ont plaidé non coupables. Très vite, les questions de procédure judiciaire se sont invitées dans les débats. Et pour cause ! Les avocats de la défense ont immédiatement contesté la composition de la cour. Selon eux, la présence de cinq magistrats est obligatoire pour une audience criminelle, mais seulement trois étaient présents : une présidente et deux assesseurs. Le ministère public a répondu que la loi permettait de statuer avec un juge unique en cas de pénurie de magistrats, et que la CRIET a ainsi fonctionné depuis des années. Une interprétation vivement contestée par la défense. « On n’interprète pas une loi qui est claire et limpide », a déclaré Me Ahounou Ayodélé, l’un des avocats des prévenus. Et Me Kato Atita de renchérir : « la pratique ne peut pas prendre le parti sur la loi ».

Face à l’impossibilité pour les deux parties de s’accorder sur la question, l’audience a été suspendue pour un quart d’heure. À la reprise, la Cour n’accède pas à la requête des avocats de la défense qui ne démordent pas. Nouvelle suspension.

Mise en cause de la présidente de la Cour et retrait des avocats de la défense

Au retour, la tension est toujours vive, la Cour n’ayant toujours pas donné gain de cause aux avocats de la défense. C’est alors que Me Ayodélé Ahounou, un des avocats décide de se déconstituer de la défense d’Olivier Boko, au regard de la position de la Cour qui pour ses collègues et lui constitue une violation flagrante de l’article 254 du Code de procédure pénale. Il sera suivi par tous ses collègues de la défense. Avant de se retirer, Me Kato Atita, avocat d’Olivier Boko, a publiquement remis en question l’impartialité de la présidente de la cour. « Mon client, Olivier Boko, ne se sent pas en sécurité pour être jugé par vous, madame la présidente. Vous faites partie des personnalités qui gravitent autour du chef de l’État », a-t-il déclaré.

Après cet incident, l’audience a été suspendue puis renvoyée au mercredi 22 janvier 2025 pour la poursuite des débats.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News