Depuis vendredi dernier, et jusqu’au 31 juillet, les Béninois peuvent faire un don au téléthon. Cette initiative, la première du genre dans le pays, a pour objectif de compléter les fonds destinés à la lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose et soigner gratuitement les malades. Le Professeur Dorothée-Kindé Gazard, ministre de la Santé Publique, revient pour Afrik sur le fonctionnement de cette collecte nationale d’argent et sur les espérances qui y sont liées.
« Sous par sous pour lutter contre ces maladies prioritaires ». C’est le mot d’ordre du premier téléthon lancé vendredi dernier au Bénin. Cet appel national au don, qui durera un mois, fait appel à la solidarité de chaque Béninois, quels que soient ses moyens. L’objectif est de combattre le paludisme, le sida et la tuberculose, que le pays considère comme des maladies prioritaires, et de soigner gratuitement les malades. Pour sensibiliser la population, les autorités ont pour armes des spots télévisés et radioffusés, ainsi que des magazines d’éducation. Des interviews et des débats sont aussi prévus sur le petit écran. Malgré son emploi du temps chargé, Le Professeur Dorothée Kindé-Gazard, ministre de la Santé Publique, a accepté de revenir, lundi pour Afrik, sur le fonctionnement du téléthon et sur ce qu’il permettra d’entreprendre.
Afrik.com : Pourquoi avoir décidé de mettre en place un téléthon ?
Dorothée Kindé-Gazard : Parce qu’il permet de lutter conter contre les maladies prioritaires ou rares. Nous avons ciblé au Bénin trois maladies prioritaires qui posent un problème de santé publique : le paludisme, le sida et la tuberculose.
Afrik.com : Quelle est l’importance de ces trois maladies dans le pays ?
Dorothée Kindé-Gazard : D’après les statistiques pour 2004, nous comptons chaque année 940 000 cas déclarés de paludisme et 73 000 séropositifs (dont 13 000 malades déclarés). En ce qui concerne la tuberculose, l’incidence est de 4,5 pour 10 000 habitants.
Afrik.com : Ces chiffres sont-ils en hausse ?
Dorothée Kindé-Gazard : On ne peut pas parler de hausse car lorsque l’on améliore la collecte d’information et la sensibilisation, les gens se déplacent plus facilement vers les centres de santé. Ce qui ne signifie pas forcément une recrudescence par rapport aux années antérieures.
Afrik.com : N’est-ce pas un peu ambitieux de vouloir assurer la gratuité du traitement pour ces trois maladies ?
Dorothée Kindé-Gazard : Non, pas du tout. Le traitement antirétroviral est gratuit depuis mars dernier et celui de la tuberculose depuis toujours. Le problème est que sur 6 000 malades du sida que nous devons traiter d’ici la fin de l’année, nous ne pouvons en prendre en charge que 2 800. C’est pourquoi il nous faut des ressources additionnelles pour compléter l’apport du gouvernement et de nos partenaires.
Afrik.com : Et pour cela vous faites appel à la générosité des Béninois…
Dorothée Kindé-Gazard : Il faut que les Béninois se prennent en charge, qu’ils soient solidaires. C’est important pour que nous n’ayons pas toujours à tendre la main.
Afrik.com : Comment avez-vous sensibilisé la population à l’importance du téléthon ?
Dorothée Kindé-Gazard : Nous les avons sensibilisés au travers de spots et de panneaux publicitaires placés dans toutes les grandes villes. Pour faire passer le message, nous avons fait appel aux élus locaux, aux maires, aux préfets, aux églises, aux mosquées…
Afrik.com : Avez-vous déjà reçu des donations ?
Dorothée Kindé-Gazard : Les gens n’arrêtent pas d’appeler. Le premier à avoir fait un geste est le ministre d’Etat chargé de la Défense, qui a fait, vendredi, un chèque d’un million de FCFA. D’autres ministres ont aussi fait un don. Dimanche, un donateur a appelé pour remettre 1 000 FCFA. En tout, lundi nous avions une douzaine de donateurs et plus d’1,5 million de FCFA de dons.
Afrik.com : Vous faites appel aux petits comme aux gros dons…
Dorothée Kindé-Gazard : Le thème de ce téléthon est « sous par sous pour lutter contre ces maladies prioritaires ». C’est à dire que nous souhaitons des dons substantiels, mais aussi symboliques. L’idée est que les riches et les moins riches puissent contribuer au téléthon. Chacun donne ce qu’il peut. Ce mois de juillet doit être un mois de solidarité.
Afrik.com : A quoi servira l’argent collecté ?
Dorothée Kindé-Gazard : L’argent collecté servira à prendre en charge gratuitement le traitement des malades. Par ailleurs, nous voulons acheter 1 100 000 moustiquaires imprégnées. Pour couvrir tout cela, il faudrait que nous récoltions un milliard de FCFA.
Afrik.com : Comment allez-vous assurer que l’argent est bien affecté à la lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose ?
Dorothée Kindé-Gazard : Nous avons pris un huissier par département (nous en avons six) pour assurer le décompte final. En fonction des statistiques des trois maladies, nous allons répartir l’argent. c’est encore avec ces mêmes huissiers que nous achèterons les médicaments et les distribuerons gratuitement. Il est hors de question qu’un seul franc soit affecté à autre chose qu’à lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose. Nous allons rendre compte de ce qui est reçu en faisant circuler, dans la presse et à la radio, la liste des fonds, des donateurs et l’usage de l’argent. Rien ne sera fait au hasard. Nous informerons régulièrement les populations des actions que nous prendrons.
Afrik.com : Le téléthon a-t-il vocation à être annuel ?
Dorothée Kindé-Gazard : C’est une première expérience. A son terme, nous allons faire le point et évaluer ce qu’il en ressort. Si c’est positif, nous pourrons songer à l’institutionnaliser.
Afrik.com : Comment peut-on faire un don au téléthon ?
Dorothée Kindé-Gazard :Il y a un numéro de compte chez la banque BOA, dont le numéro est 01677960002. Son intitulé est le PNLP/JHPIEGO/USAID. Il est aussi possible d’envoyer un e-mail à telethon@beninsante.bj