La journée du jeudi 4 février 2020, dernier jour du dépôt des dossiers de candidature à l’élection présidentielle à la Commission électorale nationale autonome (CENA), a réservé des surprises. En fait, le bloc que voulait constituer l’opposition radicale n’était qu’apparent. Le choc des intérêts a révélé des dissensions profondes. Retour sur les faits.
Il a suffi que la question du choix des candidats pour la prochaine élection présidentielle au Bénin vienne sur le tapis pour que l’opposition radicale au régime du Président Patrice Talon étale au grand jour ses profondes failles. Tard dans la soirée du mercredi 3 février 2021, veille de la clôture de l’enregistrement des dossiers de candidature à la CENA, le parti de l’ancien Président Boni Yayi, “Les Démocrates”, publie les noms de son duo de candidats : Reckya Madougou et Patrick Djivo. Les tractations qui ont abouti à ce choix ont été longues et laborieuses ; l’accouchement a été très difficile, autant carrément dire qu’il a eu lieu par césarienne.
Après la publication du nom de ses candidats, on apprend de sources internes au parti “Les Démocrates” que cette désignation n’était que provisoire, et devait être appréciée par le Front pour la restauration de la démocratie (FRD), collectif de partis et mouvements de l’opposition mis sur pied le 13 janvier dernier et dont est membre le parti de l’ancien chef de l’État béninois.
Quelques heures plus tard, soit au grand matin du jeudi 4 février 2021, le Front, à l’issue d’un conseil extraordinaire des présidents des partis et mouvements qui le constituent, ne valide pas le choix des Démocrates, et propose un duo conduit par Joël Aïvo, avec Reckya Madougou comme colistière. Ce choix passera-t-il ou ne passera-t-il pas ? Jusqu’à l’après-midi du jeudi, rien n’était précis.
Les heures passant, on apprend que “Les Démocrates” ont claqué la porte du Front, maintenant leur duo présidentiel composé de Reckya Madougou et Patrick Djivo. Prenant acte de cette décision, le Front sort un communiqué dans lequel il brandit son nouveau ticket. Joël Aïvo est maintenu, mais a désormais pour colistier Moïse Kérékou, fils de l’ancien Président, le général Mathieu Kérekou. En faisant valider sa candidature par le Front, Moïse Kérékou signe son départ du parti “Les Démocrates” dont il était membre. Mais il n’est pas le seul membre perdu par ce parti en l’espace de quelques heures. Il y a également Samuel Batcho, Yacoubou Bio Sawé et Corentin Kohoué, qui ont tous déposé, ce jeudi, leur dossier de candidature à la CENA, portant le nombre total de candidats enregistrés, singletons comme duos, à 20 à la clôture.
En quelques heures, ce que l’opposition voulait construire s’est écroulée comme un château de cartes. Le boulevard que s’était ouvert l’actuel locataire du Palais de la Marina pour un second mandat, en instaurant un système de parrainage dont lui seul en tire les avantages, reste ainsi intact. Surtout que, bien évidemment, la plupart des candidats de l’opposition n’ont pas réussi à obtenir la signature des parrains requis, et qu’on s’interroge sur le sort qui sera réservé à leurs dossiers.
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