L’armée béninoise vient de frapper encore dans le rang des terroristes. Trois individus ont été abattus au cours d’une opération conduite dans la nuit du jeudi à ce vendredi sur les bords de la rivière Mékrou, dans la commune de Banikoara. Mais, de l’autre côté de la frontière, le général Abdourahamane Tiani accuse le pays de soutenir le terrorisme.
Alors que le Bénin intensifie ses opérations contre le terrorisme au nord du pays, le Président nigérien Abdourahamane Tiani lance des accusations inattendues, jetant un froid sur des relations déjà fragiles. En effet, depuis quelques semaines, l’armée béninoise multiplie les offensives dans le rang des terroristes qui sévissent dans le nord du pays.
Dans la nuit du jeudi à ce vendredi, une opération conduite par les Forces de défense et de sécurité aux abords de la rivière Mékrou, près du village de Yanpogou-Baraka (commune de Banikoara, nord-est du Bénin) a permis de neutraliser trois présumés terroristes.
Lancée sur la base de renseignements militaires, l’opération du 26 au 27 décembre a également permis de mettre la main sur un important lot de matériels de guerre ainsi que des motos. Moins de deux semaines auparavant, l’armée béninoise avait neutralisé sept présumés terroristes dans la même région et du matériel de guerre avait été confisqué.
Tiani sort de son silence et accuse
Il est clair que depuis 2019, le Bénin aussi est devenu une cible pour les terroristes présents dans les pays du Sahel. Depuis cette année, le pays essuie des attaques meurtrières, mais a en face déployé un dispositif pour dissuader les terroristes. Au cœur de ce dispositif, il y a l’opération Mirador qui vient de faire une nouvelle fois ses preuves. Néanmoins, sur ce terrain, il reste encore beaucoup à faire. « Le seul domaine dans lequel nous sommes toujours à la peine est celui de la lutte contre le terrorisme sur la frontière nord du territoire », a reconnu le Président Patrice Talon à l’occasion de son dernier discours sur l’état de la Nation.
Le chef de l’État béninois a reconnu que malgré les efforts qui permettent de contenir le mal, les Forces de défense et de sécurité béninoises « continuent d’être éprouvées par des terroristes en totale liberté dans des pays voisins ». Rassurant, Patrice Talon a déclaré : « Je peux vous affirmer que les investissements qui sont en cours tant en matériels, en infrastructures qu’en ressources humaines nous permettront sous peu de tenir les terroristes loin de notre territoire ».
Quelques jours plus tard, c’est le Président nigérien, le général Abdourahamane Tiani, qui sort de son silence pour lancer des accusations contre le Bénin. Le dirigeant nigérien accuse, en effet, le Bénin d’avoir acquis une centaine de drones de fabrication chinoise qui ont été distribués à des terroristes qui opèrent dans la région avec l’appui de la France.
Des questions au Président Tiani
Les accusations du Président nigérien interviennent après que le chef de l’État béninois a parlé de « terroristes en totale liberté dans des pays voisins » et annoncé l’acquisition en cours de matériels pour tenir les terroristes loin du Bénin. Faut-il voir une simple coïncidence entre les déclarations de Tiani et celles de Talon ? Ou bien l’un a-t-il voulu répondre à l’autre ? Ensuite, comment le Bénin qui, depuis 2019, est lui-même victime du terrorisme avec des morts enregistrées non seulement au sein des populations civiles, mais également parmi les éléments des Forces de défense et de sécurité peut-il logiquement servir cette même cause ? Quelle logique pourrait bien sous-tendre une telle position ?
Tenez ! À l’avènement du régime Talon, l’option a été clairement prise de faire du sous-secteur du tourisme un des principaux leviers de la croissance économique du pays. Dans ce sens, de lourds investissements ont été réalisés au parc national de la Pendjari géré depuis 2017 par le groupe sud-africain African Parks. Mais, depuis 2019, où deux touristes français avaient été kidnappés dans le parc et leur guide béninois tué, le parc national de la Pendjari est classé dans la zone rouge menacée par le terrorisme.
Le Bénin qui a investi des sommes colossales est aujourd’hui incapable de rentabiliser cet investissement à cause du terrorisme. Soutenir le terrorisme dans cette région reviendrait pour le Bénin à se tirer une balle dans le pied. Il s’agirait-là d’un acte hautement insensé que la logique ne peut admettre. Abdourahame Tiani devrait peut-être plutôt penser à changer son fusil d’épaule et à s’occuper des vrais problèmes de ses compatriotes.
Ces accusations risquent d’exacerber les tensions entre le Bénin et le Niger, à un moment où la coopération régionale apparaît plus cruciale que jamais pour endiguer la menace terroriste au Sahel.