L’affaire coton a agité le Bénin ces deux derniers mois. Le conseil des ministres s’est réuni plusieurs fois et a fini par décider de retirer la gestion de la filière coton aux privés.
(De notre correspondant)
Tout est parti du manque de fertilisants, d’intrants alors la campagne cotonnière était lancée par le ministre de l’Agriculture. Les producteurs ont alors commencé à grogner, certains montent au créneau et tirent la sonnette d’alarme. Les politiciens et économistes leur emboîtent le pas. Si les uns ont abondamment utilisé les studios de radios et plateaux de télévision, les autres ont préféré faire publier des articles dans la presse pour mettre un accent sur les conséquences de l’inexistence d’intrants agricoles en pleine campagne cotonnière. « Vers une année blanche cotonnière » n’avait pas hésité à écrire un ancien cadre de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).
La fin d’un système ?
Le coton est, au Bénin, le premier produit d’exportation. L’Etat engloutit chaque année des milliards dans sa culture en subventionnant les engrais et autres intrants. Or, au nom de la libéralisation de ce secteur décrétée depuis des décennies par la Banque mondiale, la filière coton était sous contrôle d’une société privée, l’Association interprofessionnelle du coton (AIC) à la tête de laquelle se trouve Patrice Talon, un richissime homme d’affaires très influent dans la sous région ouest-africaine. Après moult enquêtes, le gouvernement béninois conclut que l’AIC ne joue pas franc jeu et lui arrache toutes ses prérogatives. D’abord, tous les responsables ont été interpellés puis écoutés par la brigade économique et financière avant d’être relâchés en attendant de répondre de leurs actes devant la justice.
Nouveau patron
Suite à une rencontre de vérité organisée à la présidence béninoise, le gouvernement a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’accord cadre de délégation à l’AIC concernant la gestion de la filière coton.
L’Etat s’est engagé à assurer lui-même directement l’approvisionnement, l’importation et la mise en place des intrants pour la production de coton. Le gouvernement envisage aussi d’instaurer désormais un Comité national de suivi et de contrôle de la filière coton qui sera présidé par le Premier ministre. Par ailleurs, le pouvoir exécutif exige la mise en place d’un comité paritaire Etat-secteur privé, présidé par le ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles, qui va constituer un cadre de discussion dans une vision partenariat public-privé pour la filière coton.
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