Bénin, Me Robert Dossou : « S’il n’y a pas de contradiction, il n’y aura plus de démocratie du tout »


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Robert Dossou
Robert Dossou

Intervenant ce mardi matin sur RFI, l’ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin et ancien bâtonnier, Me Robert Dossou, a opiné sur la situation tendue qui prévaut dans le pays depuis la veille de l’élection présidentielle.

Invité à exprimer ses sentiments au lendemain de la Présidentielle du 11 avril dernier au Bénin, Me Robert Dossou répond en ces termes : « Je suis préoccupé parce que c’est la première fois que nous faisons une élection présidentielle en République du Bénin, précédée d’arrestations et suivie d’un flot d’arrestations. Depuis la fin du vote, on arrête tous les jours ; aujourd’hui j’apprends qu’on a arrêté celui-ci, le lendemain j’apprends… et souvent, des intellectuels qui ont pris l’habitude, en démocratie, de s’exprimer librement sur tous les sujets qui interpellent le citoyen ».

Tout ceci amène l’ancien président de la Cour constitutionnelle, par ailleurs avocat de deux des principaux opposants déposés en prison – Reckya Madougou et Joël Aïvo – à s’interroger : « Est-ce que cette élection donne occasion pour faire taire tous ceux qui expriment une opinion qui ne va pas dans le sens de l’opinion souhaitée par le gouvernement ? ça m’inquiète, ça m’interpelle et je m’interroge là-dessus, parce que s’il n’y a pas de contradiction, il n’y aura plus de démocratie du tout ».

Pour l’homme de droit, depuis novembre 2019, la démocratie béninoise n’est plus une démocratie pleine et entière. Il reste, cependant, persuadé que ce n’est pas la fin du « modèle béninois », puisque selon lui, la démocratie n’est pas « une autoroute libre que l’on prend ad vitam eternam. La démocratie peut avoir des reflux ». C’est la raison pour laquelle, il fait cette adresse au Président Patrice Talon : « il faut qu’il mette un peu d’eau dans son vin et qu’il ait langue avec toutes les parties prenantes et que l’on ne soit pas en crise permanente, parce que le Bénin, c’est le Bénin ; parce que nous avons une certaine tradition, tout le monde souhaite qu’il y ait la paix, qu’il y ait la tranquillité, qu’il y ait le développement. Le développement n’est pas simplement au niveau des infrastructures, les superstructures aussi ont besoin d’être construites dans du droit, et le droit doit être conforme aux préceptes fondamentaux des droits de l’homme. Parce que toute société a pour finalité l’homme ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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