Réaliser une interview sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi est généralement un rêve, tant les étudiants peuvent se montrer prolixes. Mais, quand le sujet porte sur Lionel Zinsou, le mutisme devient la norme et seules quelques personnes osent véritablement s’exprimer. Entre espérances et scepticisme, voici ce que pense le monde estudiantin du très médiatique nouveau Premier ministre béninois.
À Cotonou,
« Non, je n’ai rien à dire », « Je ne veux pas parler », « Je n’ai pas d’avis », « On ne va pas parler politique, vous êtes envoyé pour nous tirer les vers du nez »…. Dire que recueillir l’avis des étudiants sur Lionel Zinsou fut difficile tiendrait littéralement d’un doux euphémisme. Néanmoins, si la suspicion et la langue de bois ont caractérisé une bonne partie des personnes interrogées, d’autres, par contre, ont bien voulu nous donner leur point de vue. Au nombre de ceux-ci, on retrouve notamment :
Les optimistes
Maurice
Pour eux, il ne fait pas l’ombre d’un doute que la présence au sein du gouvernement du désormais ex-homme fort de PAI Partners aura des retombées positives pour le pays. D’ailleurs, Bienvenu, un des étudiants interviewés affirme : « De par sa position et ses relations, je crois qu’il pourrait impacter la vie économique du Bénin. Sa simple présence pourrait rassurer les investisseurs et leur donner envie de venir s’implanter au Bénin, ce qui aurait pour effet de générer des emplois, notamment pour nous les jeunes ». Même son de cloche du côté de Maurice qui indique que Lionel Zinsou « maîtrise les milieux d’affaires et pourra aider à baisser le taux de chômage des jeunes, notamment en trouvant des canaux pour l’auto-emploi ». C’est d’abord l’espoir de voir la situation économique améliorée que nourrissent les étudiants soucieux de leur avenir professionnel. Cependant, d’autres intervenants ont un avis plus nuancé.
Les sceptiques
Franchesca
S’ils ne doutent pas des compétences de Lionel Zinsou, ces derniers pensent tout de même que son éloignement des réalités locales risque de lui porter préjudice. C’est le cas de Franchesca qui pense que « de ses aptitudes, on ne peut point douter, mais comme il n’a pas grandi au Bénin et qu’il ne maîtrise pas nos réalités, je ne sais pas s’il pourra assurer en tant que Premier ministre… De son côté Landry estime que « Lionel Zinsou est sans doute un homme bien. Il est certainement capable d’assumer ses fonctions de Premier ministre, mais je pense que ces 10 mois constitueront surtout pour lui une période d’apprentissage de la vie politique au Bénin ».
Landry
Enfin, dans ce pays où beaucoup ont cru par le passé au changement du Président Thomas Boni Yayi avant même de l’avoir vu, d’autres, comme Jacques, préfèrent désormais,-sans mauvais jeu de mots- jouer à « saint Thomas » et attendre avant de porter un quelconque jugement. Pour lui, « difficile de se prononcer sur lui. Nous ne le connaissons pas. Je crois qu’il faut tout simplement observer. Les actes qu’il posera et les décisions qu’il prendra pendant les prochains mois nous aideront à voir de quoi il est effectivement capable ».
Si les avis sont partagés du fait d’une nomination inattendue qui a pris tout le monde de court, les compétences de Lionel Zinsou semblent réunir tous les suffrages, ce qui est quand même une note de confiance non négligeable dans une Afrique où le doute et l’incrédulité sont monnaie courante vis-à-vis des politiques.