Au Bénin, la justice condamne deux ravisseurs du cyberactiviste Steve Amoussou à deux ans de prison, une conclusion partielle à une affaire encore pleine de zones d’ombre.
L’affaire Steve Amoussou, alias « Frère Hounvi », continue de défrayer la chronique au Bénin et au-delà. Ce cyberactiviste, connu pour ses critiques acerbes contre le gouvernement béninois, a été victime d’un enlèvement à Lomé, au Togo, avant d’être conduit illégalement au Bénin. Après plusieurs mois de suspense, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a rendu son verdict le 2 septembre 2024, condamnant deux des présumés ravisseurs. Pourtant, cette affaire semble loin d’être résolue.
Les condamnations : une justice partielle ?
Le verdict tant attendu a finalement été prononcé : Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, accusés d’avoir orchestré l’enlèvement de Steve Amoussou, ont été condamnés à 24 mois de prison, dont 12 mois fermes. En plus de cette peine d’emprisonnement, ils devront verser 5 millions de francs CFA de dommages et intérêts à la victime. Cependant, cette condamnation n’efface pas les nombreuses zones d’ombre qui entourent cette affaire complexe.
Selon les témoignages entendus à la barre, l’enlèvement de Steve Amoussou aurait été commandité par un individu résidant en Indonésie, qui accusait le cyberactiviste de l’avoir escroqué de 10 millions de francs CFA. L’un des accusés a reconnu avoir accepté une mission pour récupérer cette somme, en échange d’une promesse de toucher 30 % de l’argent. Cependant, Steve Amoussou a nié en bloc ces accusations, dénonçant une manipulation destinée à le faire taire.
Le rôle controversé du Directeur du CNIN
Un autre acteur de cette affaire, le Directeur du Centre National d’Investigations Numériques (CNIN), Ounilo Medegan Fagla, a été relaxé au bénéfice du doute. La cour a estimé qu’il n’avait pas participé à l’enlèvement illégal de Steve Amoussou. Cependant, son implication dans cette affaire suscite encore des interrogations, notamment sur le rôle des institutions dans l’arrestation et le transfert de l’activiste au Bénin.
Bien que ses ravisseurs aient été condamnés, Steve Amoussou reste en détention provisoire. Son prochain procès, prévu pour le 7 octobre 2024, portera sur des accusations graves telles que la provocation à la rébellion, l’initiation et la publication de fausses nouvelles, ainsi que le harcèlement par voie électronique. Ces charges, qu’il rejette fermement, ajoutent une nouvelle dimension à une affaire déjà complexe et chargée de tensions politiques.