Au Bénin, dans le panthéon du vodoun, il y a une hiérarchie tout établie. Toutes les divinités entre elles sont liées par un fil conducteur nommé « Fâ » ou « Ifâ » (Lire article…) dont le protecteur et fidèle allié est « Lègba », le messager polyglotte.
Encore appelé « Hunjènukon » (qui signifie en fongbé « Vodoun premier venu » ; Hun étant « divinité ou vodoun » et Jènukon « premier venu »), Lègba est le premier de tous les vodouns, l’incontournable divinité à laquelle toutes les autres divinités prêtent allégeance. Si l’ensemble des vodouns était une armée, Lègba en est le maréchal et le chef d’état-major général.
Sa position d’aîné confère à Lègba, le rôle de porte-parole donc de « messager » et d’intercesseur pour celui qui l’invoque auprès de presque toutes les divinités dont les rites et les codes diffèrent les unes des autres ; d’où son caractère « polyglotte ». C’est l’antenne relais entre le monde des dieux et celui des vivants. Il est recommandé de toujours l’invoquer en premier afin d’entrer en relation avec le monde des dieux et des esprits. C’est le dieu des croisements et de la réflexion d’où le rôle crucial qu’il joue dans l’accomplissement des rituels vodoun.
A Ouidah, nous avons rencontré un « bokônon » ou un prête Fâ qui a déclaré : « Il n’existe pas de vodoun qui soit plus controversé que Lègba ici-bas ! C’est un « vodoun daxo » (grand vodoun). Il prend toute mission qu’on lui confie. Et c’est d’ailleurs le seul capable d’employer avec perfection toutes les forces (les forces du bien ou du mal) pour mener à bien ses missions. C’est comme un couteau suisse. Et c’est pourquoi il ne faut aller le voir qu’avec de bonnes intentions ».
Dans le vaudou syncrétiste haïtien, Lègba ou « Eshu » ou encore « Elegbara » (chez les Yorubas) est assimilé à Saint-Pierre, détenteur des clefs du Paradis et de l’Enfer.
Installé tel un chef à l’entrée des maisons ou aux abords d’intersections principales des villages ou quartiers de ville, Lègba, le phallus toujours bien érigé, dicte sa loi. C’est la sentinelle idéale dont la mission principale est de stopper net toute menace ennemie en direction de la concession ou du village qu’il garde.
Quoiqu’on lui donne comme forme, l’élément distinctif de Lègba est son phallus en érection permanente. Chez les Fon, c’est le symbole de la virilité et de la procréation. Selon cette coutume, un homme qui ne bande pas, n’en est pas un. Il est moins qu’une femme. Il est dit « qu’il n’est pas vivant !». Le très efficace Lègba est alors comme un « bon mâle ». Et c’est pourquoi, il a toujours le phallus bien debout.
Nous ne saurions vous faire découvrir « papa Lègba » en seulement quelques lignes car il constitue, lui seul, toute une discipline : son histoire se vit.