Les élections présidentielles au Bénin auront lieu en mars 2000. La grande inconnue est la candidature de Mathieu Kérékou, l’actuel président. Va-il se représenter ou, au contraire, prendre sa retraite ? Le Bénin est suspendu à sa décision.
L’actuel président du Bénin, Mathieu Kérékou, donne des sueurs froides à ses partisans. Les partis de la coalition gouvernementale vivent son silence comme un drame. Son éventuel retrait des présidentielles en mars 2001 les laisse dans une psychose permanente.
Pour lui forcer la main, la coordination de la coalition multiplie les meetings et les marches de soutien au président. Mais ce dernier préfère, pour l’instant, se cantonner dans le mutisme absolu quant à son éventuelle candidature. Un silence qui met aussi à rude épreuve les nerfs des opposants. Le retrait de Kérékou de la scène politique laissera une grande marge de manoeuvre à Nicéphore Soglo, actuellement le mieux placé dans la course aux présidentielles.
Peur de représailles
« Le président laisse planer le doute parce qu’il est tiraillé. Sa famille, surtout son épouse, le pousse à se retirer de la politique pour vivre une retraite paisible. Lui-même ne veut pas devenir un alibi pour les personnes se son entourage politique trempées dans des malversations financières. Seul un programme politique solide peut le motiver à se représenter », note un diplomate africain.
A quatre mois de l’échéance, les chefs et cadres des partis représentés au gouvernement redoutent les représailles de Nicéphore Soglo qui n’a pas caché son intention de poursuivre les responsables de détournements de fonds. Le Parti de la nouvelle génération (NGR) entend ne pas faire de cadeau à ses adversaires. Il s’élève déjà contre l’inconstitutionnalité de ces marches et meetings.
Opposition et pouvoir restent suspendus aux lèvres du président. Mais les Béninois connaissent aussi le caractère imprévisible du général. Il les a habitués à ses retournements spectaculaires.