Le Chef de l’Etat béninois, Thomas Boni Yayi, a été l’objet d’une tentative d’assassinat, jeudi soir, alors qu’il se rendait dans le nord du pays. C’est inédit dans l’histoire de la politique béninoise notamment depuis la Conférence nationale qui s’est tenue en 1991. Le Bénin fait figure depuis de modèle en matière de démocratie.
Thomas Boni Yayi, le président béninois a été victime, jeudi 15 mars 2007, aux environs de 20h30, d’une tentative d’assassinat à laquelle il a survécu, mais qui a fait des blessés dans son entourage. « Le cortège présidentiel qui revenait de Ouèssè (centre du pays, ndlr), dans le département du Zou et qui se rendait à Parakou (nord) a été pris pour cible et sauvagement fusillé, aux environs de Kêmon, par des personnes armées et opérant à la manière des braqueurs.», rapporte le site du président béninois. Les assaillants ont pris la fuite sous les tirs de la garde rapprochée du Chef de l’Etat. « Selon les analystes militaires, ce lieu pourrait avoir été choisi parce qu’il permet aux assaillants de se replier facilement hors du territoire béninois après avoir commis leur forfait ». L’incident n’a pas empêché Boni Yayi, actuellement en tournée dans le pays dans le cadre de la campagne pour les élections législatives du 25 mars prochain, de poursuivre son périple. Il soutient la Force Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), son alliance politique.
La plupart des Béninois ont appris la nouvelle, ce vendredi, par voie de presse et ne savent pas encore très bien quoi penser de l’évènement. Pour l’entourage du président, il ne fait aucun doute qu’il a été victime d’une tentative d’assassinat. « Les assaillants ont tiré sur le véhicule occupant la place que le sien occupe ordinairement dans le convoi », peut-on lire sur la toile présidentielle. « Le véhicule de la gendarmerie qui était en tête du cortège a ainsi été atteint de plusieurs balles ». Cette tentative d’assassinat renvoie à un incident qui s’est déroulé, en décembre 2006, aux environs de la Présidence de la République : l’attaque armée d’un fourgon qui a conduit à une vive réplique de la part de la Garde présidentielle. Cette tentative rappelle aussi celle dont a été victime récemment la tête de liste FCBE dans la commune de Materi dans le département de l’Atacora (nord du pays).
Simple tentative d’élimination ou coup d’Etat ?
La piste mafieuse semble être l’une de celles que privilégie l’entourage présidentiel. « Il existe bel et bien une mafia béninoise prête à en découvre avec toute personne qui menacerait ses intérêts », indique le site de la présidence béninoise. Elle rapporte aussi « qu’il y a quelques semaines, l’une des plus hautes personnalités de l’Etat a déclaré et fait publier dans plusieurs organes de presse qu’un coup d’Etat n’était pas à exclure dans notre pays qui a pourtant décidé d’y renoncer depuis la Conférence nationale ». D’après des sources béninoises, la zone où s’est déroulée l’attaque, est très militarisée et serait le fief de membres de l’armée qui comptent parmi les plus aguerris du pays.
Le Bénin, dont la vie politique est un condensé de coups d’Etat militaires, a renoué avec la démocratie grâce à la Conférence nationale qui s’est déroulée en 1991. Notamment après le régime marxiste imposé par le Général Mathieu Kérékou. Il était arrivé au pouvoir le 26 octobre 1972 à la faveur d’un coup d’Etat militaire. Le Général-président reviendra aux affaires en 1996, après avoir été élu démocratiquement, et son mandat sera reconduit en 2001. C’est d’ailleurs à lui que Yayi Boni a succédé. « L’homme du changement » pour près des 75% de Béninois qui lui ont accordé leurs suffrages au second tour des présidentielles. La crise énergétique que connaît le pays, depuis quelques mois déjà, et cette tentative d’assassinat ne semblent pas devoir lui faciliter la tâche.