Le blocus béninois sur le pétrole nigérien est désormais levé. La société chinoise West African Oil Pipeline Company (Wapco), gestionnaire de l’oléoduc, peut désormais exporter le brut nigérien par le Bénin sans difficulté.
Le gouvernement béninois a levé le pied du dossier d’exportation du pétrole nigérien par le pipeline Niger-Bénin. Toutes les autorisations ont été accordées à la société chinoise Wapco pour le chargement du pétrole sur la station terminale de Sèmè-Podji. Le blocus mis sur le pétrole, le 6 mai et levé provisoirement et ponctuellement quelques jours plus tard est désormais définitivement levé. Une avancée dans ce dossier qui pollue depuis plusieurs semaines les relations déjà extrêmement tendues entre le Niger et le Bénin depuis le coup d’État perpétré par le général Abdourahamane Tiani. Cette décision découle certainement de la rencontre tripartite Bénin-Chine-Niger tenue à Niamey, les 28 et 29 mai 2024 pour se pencher sur les goulots d’étranglement qui empêchent le déroulement normal de la coopération pour l’exportation du pétrole.
La tension toujours vive en Niamey et Cotonou
La levée du blocus sur le pétrole ne signifie pas la baisse de la tension entre les deux pays, le Niger campant sur sa position. Officiellement, Niamey accuse son voisin d’abriter sur son territoire des terroristes qui s’entraînent pour déstabiliser le Niger. Dans une sortie médiatique effectuée samedi dernier, le Premier ministre nigérien, Ali Lamine Zeine, a poussé le bouchon très loin, accusant le Bénin d’être à l’origine de l’attaque terroriste perpétrée contre la base militaire de Boni (dans la région de Tillabéry, près de la frontière avec le Mali). Du côté béninois, les accusations formulées par le Niger sont réfutées purement et simplement. On sait que la junte nigérienne en veut au président béninois, Patrice Talon, pour avoir été l’un des soutiens les plus fermes du rétablissement de l’ordre constitutionnel coûte que coûte à Niamey après le putsch du 26 juillet 2023.
La junte nigérienne dans une attitude revancharde
En refusant d’ouvrir ses frontières avec le Bénin, le Niger, principal client du port autonome de Cotonou, cherche à obérer les finances béninoises ainsi privées d’une importante source de revenus. Mais au fond, les militaires au pouvoir à Niamey semblent oublier que le Bénin a résisté sans ciller à plus d’un an de fermeture des frontières par le Nigeria, un pays dont il semblait pourtant dépendant sur plusieurs plans. En août 2019, en effet, le président nigérian Muhammadu Buhari avait décidé unilatéralement de la fermeture des frontières terrestres de son pays pour ne commencer à les rouvrir qu’à partir de décembre 2020. Ceci avait permis de mettre en lumière l’exagération d’une idée reçue alors très en vogue au Bénin, à savoir que « quand le Nigeria tousse, le Bénin est enrhumé ».