Des dizaines de milliers de personnes ont célébré le nouvel empereur des Baribas, Sabi Naïna III, au cours de la fête de la Gaani dans la capitale du royaume, Nikki, au nord du Bénin, le week-end dernier.
A Nikki,
L’empire des Baribas s’étend du nord du Togo à l’ouest du Nigeria. Il a traversé les âges. Son cœur bat toujours à Nikki, une ville de la province de Borgou, au nord du Bénin où se déroulait, le week-end dernier, la fête de la Gaani. Le nouvel empereur des Batumbu, (autre nom des Baribas) Sabi Naïna III a assisté, pour la première fois, à ce moment de ralliement des différentes entités qui se retrouvent, encore à ce jour, sous son autorité.
Autorité spirituelle
Des dizaines de milliers de personnes accourent à Nikki pour participer à cette fête traditionnelle, devenue fête de la culture. Cette petite localité du nord du Bénin, déserte le reste de l’année, devient pendant six jours un gigantesque carrefour interculturel. Le peuple Bariba et ceux appartenant à cette aire culturelle se rassemblent dans un brassage festif, le 12ème jour du 3ème mois du calendrier lunaire, du 31 décembre au 5 janvier 2015 cette année.
L’autorité, aujourd’hui spirituelle, du roi des rois, le Sinaboko, est réaffirmée au cours de cette fête. Annoncée la veille aux sons des tambours sacrés, la sortie de Sabi Naïna III de la case royale est acclamée par les différentes autorités traditionnelles, notables et le peuple, ce samedi 3 janvier.
Elle est précédée, pendant toute la matinée, du ballet des dizaines de délégations des différentes autorités du royaume. Elles traversent la cour royale pour prêter allégeance au souverain qui attend son heure dans la case royale.
Fête de la culture
« Nous avons rendu allégeance au nouvel empereur qui vient d’être intronisé l’année passée », explique Koundia Issiako, secrétaire général du Front des étudiants pour le développement du nord. « Nous, étudiants du nord, nous sommes tenus de nous présenter, c’est la tradition. On suit les pas de nos ancêtres pour renforcer la culture », poursuit-il.
Sur son cheval et drapé de riches habits dorés, le Sinaboko se rend dans les neuf sites du parcours rituel dans Nikki, avec une partie de sa cour. Ce « pèlerinage » symbolise l’histoire secouée de violence du peuple Bariba.
Il prend ensuite place dans la tribune officielle de la Cour royale, aux côtés du Président Boni Yayi et de dizaines de ministres et députés pour assister à « la présentation des princes aux tambours sacrés », décrit Rafiou Assoumanou, journaliste à E Télé. « C’est le deuxième temps fort de la fête après le parcours rituel », précise-t-il encore.
Devant la foule qui exulte, près de 400 cavaliers baribas rivalisent de prouesses à cheval. Ils prouvent leur bravoure au roi des rois par des courses, ruades et autres acrobaties au rythme des tambours.
La chicote des militaires n’empêchera pas le peuple rassemblé de se lever comme un seul homme, s’avançant horrifié pour mieux distinguer la chute d’un des princes du haut de sa monture drapée.
Ivresse
L’ivresse est à son comble quand les danseurs traditionnels mêlent musique et poussière au son des percussions.
Après l’alcool qui coule à flot place ensuite à la danse. Les dizaines de milliers de personnes viennent aussi participer à la foire, à des conférences, à des ateliers de sensibilisation sur le VIH/Sida mais aussi à des tournois sportifs.
Ils sont de plus en plus nombreux chaque année à se rendre à Nikki, ils seraient plus de 100 000, selon les autorités locales.