Depuis ce mercredi, la nouvelle s’est répandue et continue de défrayer la chronique au Bénin. L’avocat personnel de Patrice Talon, Sévérin Quenum, promu ministre de la Justice depuis 2018, est débarqué du gouvernement. Pour quel motif ? Rien n’a filtré. Pour l’instant, on en est aux seules hypothèses.
Sévérin Quenum n’est plus ministre de la Justice du Bénin. Le Président Patrice Talon l’a limogé, à la surprise générale. Puisque l’homme, avocat du chef de l’État avant sa nomination pour succéder à un autre avocat de Patrice Talon, Joseph Djogbénou, au ministère de la Justice, passait pour l’un des plus proches collaborateurs du Président béninois. Alors, que peut bien cacher un tel limogeage ?
Victime des plaintes des détenus ?
On sait que tout dernièrement, les détenus comme Réckya Madougou et Joël Aïvo se sont plaints au sujet des conditions pénibles qui leur sont réservées dans leur lieu de détention. Mieux, dans une lettre adressée directement au ministre de la Justice, Joël Aïvo est allé plus loin, critiquant le fonctionnement même de ce ministère qui laisse à l’abandon des tâches qui devraient être normalement inscrites au chapitre des urgences.
En effet, dans sa lettre, l’opposant a attiré l’attention du ministre de la Justice sur les cas des prisonniers en détention préventive, mais oubliés par les autorités judiciaires depuis des années : « (…) Pour finir, il me plaît de saisir l’occasion de cette lettre pour attirer votre attention sur quelques-unes des urgences de votre ministère. Il s’agit du cas de nos compatriotes oubliés par la justice dans nos prisons. J’ai réussi à sortir de prison quelques-uns grâce au service de mes avocats, mais ils sont encore plusieurs dizaines abandonnées par leurs juges. Placés en détention provisoire, ils attendent ainsi provisoirement, certains depuis dix (10) ans, d’autres depuis vingt (20) ans, d’être jugés pour être condamnés ou peut-être pour être acquittés », avait-il écrit. Sévérin Quenum a-t-il été emporté par ces critiques qu’il a essuyées ? Difficile de répondre, puisque le chef du gouvernement est demeuré muet sur ses motivations.
Limogé peu de temps après la promesse du chef de l’État de ne remercier aucun ministre
Ce limogeage est d’autant plus surprenant qu’il intervient tout juste quelques semaines après la promesse faite, le 13 mars 2023, par Patrice Talon devant son hôte, le Président nigérien, de ne pas remanier son gouvernement qui, en l’état, lui donne entièrement satisfaction. Patrice Talon a publiquement déclaré ne vouloir remercier aucun ministre de son gouvernement actuel. Sévérin Quenum ne fait-il pas partie de ces ministres qui donnent satisfaction au Président béninois ? Ce limogeage doit-il être perçu comme une sanction ? Ou alors Sévérin Quenum est-il promis à un nouveau poste ?
Toutes les questions demeurent entières jusqu’à ce que le chef de l’État béninois s’ouvre et permette à ses concitoyens de comprendre les raisons qui sous-tendent sa décision. Il sied de rappeler que depuis son accession à la magistrature suprême, Sévérin Quenum est le deuxième ministre limogé par Patrice Talon. Le premier, Hervé Hêhomey, a été relevé de ses fonctions de ministre des Transports, en 2017. Mais, il a été rappelé au même poste, deux ans plus tard. Après un séjour à la Présidence en tant que conseiller technique chargé des infrastructures auprès du président de la République. Dans ce cas aussi, les motifs qui justifient l’éviction n’ont jamais été explicités au Bénin. C’est peut-être le mode de fonctionnement de celui qui préside aux destinées du Bénin, depuis 2016.