Bénin : le code électoral modifié au grand dam de l’opposition


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Les députés à l'hémicycle
Les députés à l'hémicycle

Au Bénin, le code électoral du 25 novembre 2019 a été modifié, cette nuit, par les députés. Les conditions de candidature à la Présidentielle ont été corsées au grand dam de l’opposition qui dénonce de nouvelles manœuvres d’exclusion de la part de la majorité.

Conformément à la demande de la Cour constitutionnelle qui, en janvier dernier, à la suite d’une requête introduite par un citoyen, avait invité le Parlement à réexaminer le texte, les députés de la 9e législature se sont réunis en session extraordinaire dans l’après-midi de ce mardi. À l’issue de longs débats qui se poursuivis tard dans la nuit, les amendements au code ont été votés par 79 députés de la majorité. Les 28 députés de l’opposition ont voté contre et un député de la majorité s’est abstenu protestant contre le fait que le Parlement aille au-delà de la recommandation de la Cour constitutionnelle.

Les dispositions sur les parrainages corsées

Pour répondre aux préoccupations de la Cour constitutionnelle, il a été retenu que seuls les députés et les maires qui seront élus en 2026 pourront parrainer les candidats à la Présidentielle prévue pour cette même année. Mais pas que. Et c’est là où les parlementaires sont allés au-delà de la demande du juge constitutionnel. En effet, alors que l’ancien code déjà décrié par l’opposition imposait 10% de parrainages pour le duo de candidats à la Présidentielle (Président et Vice-président), l’amendement fait passer ce chiffre à 15% et exige par ailleurs que ces 15% proviennent d’au moins 3/5 de l’ensemble des circonscriptions électorales législatives.

Mieux, un député ou un maire ne pourra parrainer qu’un duo de candidats de son parti ou désigné par ce parti. Sauf en cas d’existence d’un accord de gouvernance entre partis où le député ou le maire pourra accorder son parrainage au duo d’un autre parti ayant signé un accord avec son propre parti avant le dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle. Le quitus fiscal, une autre innovation du code électoral de 2019 combattue avec force par l’opposition qui y voyait une arme dirigée contre elle, a été maintenu.

L’opposition crie à nouveau à l’exclusion

En revoyant à la hausse le pourcentage affecté aux parrainages, la majorité limite au maximum la marge de manœuvre de l’opposition qui, avec la configuration actuelle du Parlement n’a que le nombre juste de députés pour parrainer un duo de candidats à la Présidentielle de 2026. Mais, il n’est pas exclu que cette configuration change avec les élections législatives et municipales de 2026. Pour l’opposition, ces dispositions ne visent qu’à empêcher l’organisation d’élections inclusives avec la participation de toutes les tendances.

De son côté, la majorité soutient que son seul objectif est de «de renforcer très sérieusement le système partisan». Selon le député Augustin Ahouanvoébla de l’Union progressiste le Renouveau, il est temps que le Bénin en finisse avec l’élection de présidents de la République n’appartenant à aucun parti politique. «Depuis la Conférence nationale des forces vives, ce pays n’a jamais été dirigé par un militant partisan. Nous avons toujours eu des personnalités sorties de nulle part, apportant ce qu’elles doivent apporter et gagnant le pouvoir, exerçant le pouvoir et gérant le pays à elles toutes seules. Jusqu’au Président Patrice Talon», a-t-il insisté.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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