La circoncision chez les Wamas se pratique à partir de 28 ans et marque le passage à l’âge adulte. Ceux qui tremblent devant le couteau des Forgerons, seuls habilités à mener cette opération, sont méprisés et fuient leur village, tant le poids de la honte est lourd. La tradition ancestrale reste très suivie, en dépit, notamment, de la médicalisation de l’ablation du prépuce. Exemple au Bénin.
Avec notre correspondant au Bénin Wilfrid Ndong
Kotopounga (Nord-Ouest du Bénin) a la double particularité d’être le village maternel de l’actuel chef de l’Etat béninois, Mathieu Kérékou, et de pratiquer la circoncision des adultes. En effet, chez les Wamas, cette tradition ne se pratique qu’à partir de 28 ans. L’ablation du prépuce, effectuée de façon traditionnelle par les Forgerons, est une étape obligatoire marquant le passage à l’âge adulte. Etape déterminante pour l’avenir de l’intéressé, qui, s’il laisse poindre la moindre étincelle de peur, est « recalé ». L’humiliation est si cuisante, et les conséquences sociales sont si importantes, que ceux qui ont échoué préfèrent fuir le village. En dépit de l’apparition de l’ablation du prépuce médicalisée, la tradition reste bien suivie.
Rester brave devant le couteau…
Les cérémonies ont généralement cours entre février et d’avril. Elles se déroulent par vagues. Ainsi, une vingtaine d’hommes est choisie pour être circoncis dans un laps de temps défini par le chef coutumier et une dizaine de vieux sages. Ce procédé se perpétue pendant plusieurs mois. C’est à la caste des Forgerons, qui fabriquent le couteau de cérémonie, qu’il incombe la responsabilité de circoncire. Eux seuls, qui ne sont jamais circoncis chez les Wamas, ont cette légitimité et ce pouvoir. Pour pratiquer le rituel, ils emmènent loin des regards le futur circoncis. L’objectif est de préserver l’intimité du Wama, mais aussi, et surtout, de garder mystérieuses les ficelles de la cérémonie.
Au moment de la coupure, les hommes ne doivent pas ciller. Ils ne doivent pas laisser percevoir leur peur, ce qui les disqualifierait immédiatement aux yeux des Forgerons. Car ils jugent que la crainte est une preuve que le Wama n’a pas mérité de passer à l’âge adulte. Dans ce cas, même si la scène s’est passé en dehors du village, la nouvelle aura vite fait le tour des oreilles des habitants.
…ou quitter le village
La honte est grande pour celui qui a échoué. Et il est pratiquement banni de la vie sociale du village. Il n’aura, entre autres, pas le droit de se marier parce que non adulte pour les autorités villageoises. Le calvaire est si insupportable que certains fuient dans une autre région ou à l’étranger. Le poids est si lourd à porter que certains vont même jusqu’à mettre fin à leurs jours.
Pour ceux qui ont traversé avec brio le rite de passage, des cérémonies grandioses, étalées sur plusieurs jours, sont organisées. Les festivités durent parfois deux semaines. Et les sommes dépensées peuvent atteindre plusieurs millions de FCFA. Compte tenu du fait que les cérémonies se font par vagues et sur plusieurs mois, on constate que la vie des Wamas est rythmée par les célébrations des circoncisions. Elles jouent un rôle prépondérant, bien plus que l’intronisation du chef coutumier et encore plus que ses funérailles.
Circoncision pour les chefs…
Quelques hommes, refusant de se plier à la tradition, par peur de la douleur ou autre, ont quitté leur village. Une minorité. Car les années ne semblent pas avoir entamé la pratique de cette tradition. Ainsi, des Wamas, partis vivre plus loin que leur village avant leurs 28 ans, et qui ne sont donc pas circoncis, prennent la route de leur lieu de naissance pour perpétuer la tradition. Car c’est seulement dans leur village qu’ils doivent la faire.
Il arrive même que des Wamas, installés à l’étranger retournent dans leur village pour accomplir le rituel. Même à un âge avancé. Ce fut le cas de l’actuel chef coutumier de la localité de Tampegre, circoncis à soixante ans, spécialement revenu de l’étranger pour accéder à la chefferie. Car il est indispensable d’être circoncis pour se présenter à un tel poste.
…excision pour leurs « reines »
Mais l’acte doit être effectué dans les règles. Alors, au cas où le chef choisi a été circoncis à l’hôpital, une autre circoncision lui est imposée. Elle est réalisée à l’aide d’un coutelas, qui dessine un anneau autour de la base de sa verge. La signification symbolique de ce geste est gardée secrète.
Le chef coutumier est choisi par un comité de sages qui siègent après le décès de l’ancien régent. Agé d’une soixantaine d’années, il est le garant de la tradition du peuple wama. Il est assisté dans sa tâche par sa « reine », qui doit être excisée, comme toutes les femmes wamas, à partir de 28 ans.