Le Bénin vient de perdre une figure majeure de son histoire politique de ses trente dernières années. L’ex-Première dame, Rosine Vieyra Soglo est décédée ce dimanche.
Rosine Vieyra Soglo, épouse de l’ancien Président béninois, Nicéphore Soglo, n’est plus. L’ex-Première dame est passée de vie à trépas, dans la journée de ce dimanche 25 juillet 2021, à son domicile à Cotonou. Hospitalisée dans une clinique privée de la place, depuis quelques jours, son état de santé s’était stabilisé avant de se dégrader subitement, ce dimanche matin. Sentant, sans doute, sa fin approcher, Rosine Soglo a demandé à être ramenée à son domicile où elle a fini par rendre l’âme, à l’âge de 87 ans.
Inconnue du landerneau politique béninois jusqu’en 1991, cette avocate s’est fait une place au-devant de la scène avec l’élection de son époux président de la République. Première dame bien en vue, Rosine Soglo a su marquer la vie politique béninoise par sa forte personnalité. En 1992, elle crée le parti la Renaissance du Bénin, pour accompagner son Président d’époux. Leader incontesté de cette formation politique, Rosine Soglo sera continûment élue député à l’Assemblée nationale jusqu’en 2019 où le poids de l’âge et la maladie – perte de la vue – vont la contraindre à se retirer de la vie politique.
La principale caractéristique qui colle à la peau de celle que ses proches appelaient affectueusement « Maman », c’est son franc-parler à toute épreuve qui lui valait l’admiration de plusieurs de ses compatriotes. À l’annonce de sa mort, les hommages ont commencé à pleuvoir de part et d’autre. Le Président Patrice Talon, qui n’aura pas entretenu de très bonnes relations avec la famille Soglo depuis son accession à la magistrature suprême, ne s’est pas dérogé à cette règle.
« Femme engagée, Rosine Vieyra Soglo aura marqué la vie politique de notre pays pendant de longues années. Nous garderons d’elle l’image d’une femme brave et exceptionnelle. Paix à son âme. Au nom de la Nation, je présente mes condoléances attristées au Président Soglo, aux enfants Léhady et Galiou, ainsi qu’aux familles Vieyra et Soglo », a écrit le chef de l’État béninois sur sa page Facebook.
C’est le 7 mars 1934 que Rose-Marie Honorine Vieyra naquit à Ouidah (colonie du Dahomey), dans une famille afro-brésilienne aisée. Son père, un cadre des chemins de fer et un propriétaire terrien nanti, envoya ses quatre enfants – Rosine et ses trois frères – étudier en France, dès le secondaire. Un an après son arrivée en France, la jeune fille fit, en 1947, la rencontre de l’homme de sa vie, Nicéphore Soglo, qu’elle épousera, le 12 juillet 1958. Elle débuta sa carrière en tant qu’huissier de justice, avant d’embrasser la profession d’avocat.
Toute sa vie durant, elle a suivi son époux dans tous ses déplacements. Par exemple, dans les années 1980, elle était avec Nicéphore Soglo alors administrateur à la Banque mondiale, à Washington. Mais le sort a voulu qu’elle s’éteigne au moment où son époux est à quelque 6 000 kilomètres d’elle. Nicéphore Soglo s’est, en effet, envolé pour la France pour des raisons sanitaires, depuis quelques semaines. Quant à son fils aîné, Léhady, il est en exil en France depuis qu’il est accusé de corruption.
Maire de la ville de Cotonou, il a été démis de ses fonctions en 2017. Peu de temps après, il est condamné par contumace à 10 ans de prison ferme par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Son frère cadet, Galiou, lui est bien sur place. Évacué en France après avoir été blessé par balles dans une embuscade à quelques semaines de l’élection présidentielle d’avril 2021, il n’a plus quitté le pays depuis son retour.
