L’atelier FIWE, école de formation des techniciens du cinéma au Bénin, entame sa deuxième année de cours. Bilan de l’année dernière : seulement quatre défections sur les quinze élèves, six tournages effectués et trois films en cours de montage.
Il y a un an, le réalisateur et directeur de la photographie Valerio Truffa ouvrait l’atelier FIWE au Bénin, une école de formation des techniciens du cinéma. Un an plus tard, quel est le bilan ? Valério, qui revient tout juste du Bénin, fait le point.
Afrik.com : La deuxième année de votre formation vient de commencer…
Valério Truffa : Il s’agit de concrétiser ce qui a été mis en place. La première année a surtout été de la remise à niveau en maths, physique et optique, avec la même pédagogie qu’à l’école Louis-Lumière, à Paris. Les cours ont repris le 10 octobre. Sur les quinze élèves sélectionnés, onze sont restés. Les autres sont partis pour raisons familiales ou pour cause de déménagement… Les choses avancent et la formation devrait durer plus longtemps que prévu car le ministère des Affaires étrangères va intervenir en 2006. Si en 2006-2007, il sort de l’école trois ou quatre personnes efficaces sur un plateau, j’aurais atteint mon but ! On travaille sur le long terme, pour l’avenir. C’est un travail de longue haleine : le projet a débuté en 1998 !
Afrik.com : Vous êtes contents de vos élèves ?
Valério Truffa : Bien sûr ! J’en ai fait venir trois au dernier Festival de Cannes. Ils ont pu présenter un film dans le cadre du cinquantenaire du premier film africain. Le long voyage, réalisé à partir d’images d’archives africaines, dure 12 minutes et avait été fait pour le festival du film d’Amiens en 2004. Les élèves l’ont présenté au Pavillon du Sud à Cannes. Sinon, en un an, six tournages ont été effectués et trois films sont actuellement en montage. Les élèves ont choisi des sujets variés : le vaudou, l’esclavage moderne, le nettoyage des villes… Il y a des fictions et des documentaires.
Afrik.com : Recevez-vous le soutien des autorités béninoises ?
Valério Truffa : L’école est placée sous la tutelle du ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur et du Centre national de la cinématographie du Bénin. Et cette année, c’est carrément le gouvernement béninois qui est venu me chercher ! Il m’a en effet demandé en juin dernier d’organiser la partie cinéma du 45e anniversaire de l’indépendance, du 28 au 30 juillet. J’ai présenté le FIWE et organisé une rencontre sur l’histoire du cinéma au Bénin. Grâce à cela, on s’est rendu compte que de nombreux films avaient été tournés dans le pays dans les années 60 et 70.
Afrik.com : Quels sont vos projets ?
Valério Truffa : L’atelier Fiwe va se déplacer à Niamey, au Niger, en février 2006, pour l’anniversaire de la mort de Jean Rouch et le festival qui lui est dédié. On va faire une opération de formation pendant une semaine dans une école, à l’issue de laquelle les enfants réaliseront un film. Tout ceci grâce à l’ambassadeur nigérien à l’Unesco, Inoussa Ousseini, qui était un grand ami de Jean Rouch. J’ai aussi été contacté par l’Unesco pour participer aux célébrations du 45e anniversaire de sa création. J’ai également un projet avec Wally Badarou, un musicien et compositeur béninois qui n’est pas rentré au pays depuis 20 ans. Mes élèves vont faire un montage d’images muettes sur le thème de la Porte du retour et il va composer la musique. Il jouera au piano, accompagné de musiciens africains. Cela devrait se faire en juin prochain. Sinon, j’ai aussi un projet de dessin animé sur le paludisme, avec le dessinateur Denis Tribeau. Le film s’appellera Le village de mes souvenirs.