Bénin : l’affluence des réfugiés togolais a diminué de près de 50%


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Le nombre de Togolais, qui se sont exilés au Bénin au lendemain des résultats des élections présidentielles du 26 avril 2005, a diminué de près de 50% aujourd’hui, note le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Nombreux sont ceux qui retournent spontanément au pays, rassurés par le climat de confiance établi par les autorités togolaises. Rafik Saïdi, responsable régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest, dresse un bilan de la situation un an après. Entretien.

De nombreux réfugiés togolais retournent spontanément chez eux un an après leur arrivée au Bénin où ils se sont exilés pour fuir le nouveau régime de Faure Gnassingbé élu le 26 avril 2005. Recensés à 25 000 en 2005, plus de la moitié serait déjà rentrée, constate le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Peut-être est-ce l’effet des engagements pris par le gouvernement togolais pour l’arrêt des poursuites et la réconciliation nationale. Rafik Saïdi, responsable régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest revient sur la situation.

Afrik.com : Combien de réfugiés togolais recensez-vous aujourd’hui au Bénin ?

Rafik Saïdi :
Le Bénin comptait 25 000 réfugiés togolais en 2005, mais depuis les affrontements du camp d’Agamé en février dernier entre les réfugiés et la population locale, il semblerait que le nombre ait considérablement baissé. Il s’agit surtout de départs spontanés. Je ne saurais vous donner un chiffre précis, mais ce qui est sûr, c’est que nous avons noté une chute de près de 50% et nous espérons que ce mouvement va s’intensifier. Ils sont partis pour la plupart au Nigeria, au Sénégal et en France et un nombre très important est rentré au Togo, rassuré par le climat de confiance installé par le discours des autorités politiques togolaises, annonçant l’arrêt des poursuites et la réconciliation nationale. Pour l’instant nous n’avons pas eu des nouvelles de retours suivis d’incarcérations.

Afrik.com : Quel était l’origine de ces heurts entre les réfugiés et les villageois ?

Rafik Saïdi :
Quelques malentendus entre les deux, une frustration et une certaine exaspération chez les villageois face au comportement de certains jeunes Togolais, jugé inacceptable, ont été à l’origine de ces affrontements. Heureusement aujourd’hui, les choses sont redevenues normales, le dialogue a été renoué entre les deux communautés et la paix rétablie.

Afrik.com : Quel est le profil des réfugiés qui restent au Bénin ?

Rafik Saïdi :
Parmi les réfugiés retournés au Togo, on dénombre beaucoup de personnes âgées et des femmes car la vie au camp commençait à peser de tout son poids. Ceux qui restent sont surtout des jeunes hommes et des familles avec peu ou sans enfants.

Afrik.com : Pourquoi restent-ils ?

Rafik Saïdi :
Beaucoup d’entre eux ne font pas confiance au gouvernement malgré les nombreuses promesses et engagements pris pour ne pas les poursuivre ou les incarcérer. Mais surtout beaucoup de ces jeunes ont participé directement ou indirectement aux violences qui ont eu lieu au moment des élections présidentielles d’avril 2005. Ils ont peur des représailles, pas toujours de la part du gouvernement d’ailleurs, mais plutôt des milices, parfois même du regard du voisin qui était de l’autre côté de la barrière à ce moment-là. C’est pourquoi nous travaillons énormément avec la société civile afin de les rassurer en leur affirmant que le HCR est là et sera toujours là pour assurer le suivi et la sécurité de ceux qui veulent rentrer.

Afrik.com : Quelle est la réactions du Togo et du Bénin quant à ses réfugiés ?

Rafik Saïdi :
En ce qui concerne l’Etat béninois, nous n’avons jamais eu de problème, il a manifesté un véritable élan de générosité dès le départ. 59% des réfugiés ne sont pas dans les camps, ils vivent avec des membres de leurs familles ou des amis, ou se sont simplement installés dans le pays. Ils bénéficient des mêmes droits que les Béninois. Le gouvernement a toujours été très présent. Quant aux autorités togolaises, elles se sont montrées sensibles aux préoccupations du HCR. Il y a eu beaucoup d’efforts afin de rétablir la sécurité au Togo, comme l’appel du Président de la République et l’adoption d’une circulaire par le Premier ministre suspendant toute poursuite contre les réfugiés retournés au pays.

Afrik.com : Y a-t-il aujourd’hui encore des réfugiés togolais qui continuent d’arriver ?

Rafik Saïdi :
Il n’y a plus d’arrivés depuis le mois de juin 2005. Ils sont arrivés en bloc au moment des événements mais depuis plus rien.

Afrik.com : Comment vivent-t-ils au quotidien ?

Rafik Saïdi :
Ils sont assez privilégiés comparés à d’autres réfugiés, car ils bénéficient des mêmes droits que les Béninois, que ce soit pour le travail, l’éducation ou la santé, même s’il y a toujours le problème entre le principe théorique et la réalité. Cependant, tout a été fait au niveau associatif, que ce soit l’Unicef, le PAM (Programme alimentaire mondiale) ou la société civile pour leur faciliter la vie au quotidien. Ils ont été très bien accueillis dès le départ, on a tout fait afin qu’ils ne soient pas dépaysés. Les enfants ont, par exemple, été envoyés à l’école un mois après leur arrivée et beaucoup continuent leurs études au collège, au lycée et à l’université. Beaucoup d’activités génératrices de revenus ont également été créées pour permettre aux familles d’accéder à une certaine indépendance, notamment financière. Mais rien ne vaut d’être chez soi, malgré tout. Nous menons une campagne de sensibilisation pour inciter toutes ces personnes à rentrer spontanément chez eux sans avoir peur de quoi que ce soit.

Afrik.com : Quel bilan tirez-vous de cette mission un an après ?

Rafik Saïdi :
Un bilan très positif. Le succès de la mission a été unanimement salué, notamment par des observateurs internationaux, pour la qualité des conditions de vie sur le terrain et celle de la collaboration entre les différents partenaires. Les autorités togolaises ont pris conscience de l’importance du retour de ses réfugiés et ont menés une politique d’encouragement dans ce sens qui a porté ses fruits.

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La rédaction d'Afrik, ce sont des articles qui sont parfois fait à plusieurs mains et ne sont donc pas signées par les journalistes
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