A quelques semaines de la fin du quinquennat de Patrice Talon, Kemi Séba donne son appréciation du passage de l’homme d’affaires à la tête du Bénin. Le panafricaniste et porte-flambeau de la lutte anti-franc CFA se dit déçu face à l’attitude du Président béninois sur les questions de souveraineté et de liberté d’expression.
C’est à travers un post via Facebook que Kemi Séba a apprécié la gestion du Président béninois, Patrice Talon, à la tête du pays depuis bientôt cinq ans. Deux points essentiels ont préoccupé le président de l’ONG « Urgences panafricanistes » dans son analyse : la question de la souveraineté et celle de la liberté d’expression. Sur ces deux points, Kemi Séba se dit entièrement déçu, après avoir salué l’élection de Patrice Talon en 2016. « J’ai fait partie de ceux qui furent émus aux larmes lors de la victoire aux dernières Présidentielles béninoises, de Patrice Talon face à Lionel Zinsou car, à mes yeux, Talon représentait la souveraineté africaine face au supplétif de la France qu’était et continue d’être Zinsou », commence-t-il par écrire, avant d’aligner des interrogations.
« Mais comment doit-on réagir lorsque l’on constate, depuis son élection, la systématique fuite en avant du Président Talon face aux questions de souveraineté ? Comment justifier cette humiliation qui consiste à faire licencier Yves Ogan du Parlement pour le seul et unique motif qu’il a eu la dignité de s’opposer à cette mascarade de Franc CFA maquillé de manière ridicule en Eco ? Comment doit-on réagir quand son ministre de l’Intérieur, Sacca Lafia me menace de manière mafieuse en me stipulant que l’État béninois va, je cite, restreindre le périmètre de mes libertés individuelles si je continue à déranger ses partenaires (Cf. Ouattara, et sans doute la France) après que j’ai dénoncé le rôle clef qu’occupe Alassane Dramane Ouattara, au sein de la Françafrique ?
Comment doit-on réagir quand certains journalistes de TV locales béninoises m’appellent pour me dire qu’ils ont reçu l’ordre d’en haut de ne plus me recevoir en plateau, de peur que je tienne des propos qui dérangent, après que j’ai critiqué le fait que la gestion du port de Cotonou soit confiée à des Belges plutôt qu’à des Africains ? (Comme si cela pouvait me déranger lorsque l’on sait que je travaille sur Vox Africa, chaîne internationale bien plus regardée en Afrique que tous ces médias confondus) ».
Kemi Séba n’admet pas que Patrice Talon soit « si fort pour réprimer ses concitoyens, mais si docile face à l’Occident », même s’il reconnaît quelques accomplissements à l’actuel locataire du Palais de la Marina.
« J’aimais le Président Talon, il a fait plus que beaucoup de ses pairs sur le terrain du développement, le nier serait de la malhonnêteté », a ajouté le panafricaniste, avant de lancer quelques piques en guise de conclusion : « Mais on ne développe pas un pays sans appliquer le principe de souveraineté. On ne développe pas un pays en tuant la liberté d’expression ».