Le 8 décembre dernier, lors de la journée de lutte contre la corruption, la ministre béninoise de la justice aurait déclaré qu’elle travaille avec des magistrats corrompus. Cette déclaration a fâché les membres de cette corporation qui réclament depuis hier sa tête.
Réunis au sein de l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB), les magistrats ont rejeté les accusations de leur ministre de tutelle, Marie Elise Gbèdo. Ils s’inscrivent en faux contre ces allégations en évoquant des textes de lois régissant la République autorisant d’ailleurs le Garde des Sceaux à poursuivre un magistrat corrompu. En effet, loin de consacrer quelque impunité aux magistrats, la loi n° 2001-35 du 21 février 2003 portant statut de la magistrature édicte en son article 69 alinéa 1 :« Le Garde des Sceaux, ministre chargé de la justice, saisi d’une plainte ou informé de faits paraissant de nature à entraîner des poursuites disciplinaires contre un magistrat, saisit le Conseil Supérieur de la Magistrature qui, s’il y a urgence et sur proposition des chefs hiérarchiques, peut interdire au magistrat l’exercice de ses fonctions jusqu’a décision définitive sur l’action disciplinaire… », récite Onésine Madodé, le président de l’Unamab pour étayer son argumentaire. « Il en résulte que la solution au problème posé par madame le Garde des Sceaux se trouve encore et fort heureusement entre ses mains. Et pourquoi y-a-t-il tant de tempête dans un verre d’eau ? Madame le Garde de Sceaux se désole-t-elle, par ses propos, de n’avoir rien entrepris dans ce sens, depuis sa prise de fonction ? Devons-nous la rappeler au sens du devoir ? », s’interroge le président de l’association des magistrats. Pour ce dernier, la ministre de la justice aurait en charge la gestion de magistrats, corrompus dans leur ensemble, d’une justice corrompue et par terre, d’un ministère qui ne lui inspire que la honte. Selon Onésine Madodé, Considérant ce tableau qu’elle a peint en noir, « c’est justement au dépôt de charges que nous voudrions conséquemment et très respectueusement l’inviter. »
Pour les magistrats béninois, la ministre de la justice a jeté l’opprobre sur leur corporation et ils n’entendent pas baisser les bras pour que leur image soit davantage salie.